L’alimentation, un levier essentiel pour lutter contre la dépression

Le 8 octobre dernier, la Fondation FondaMental a organisé la deuxième édition de Food4Mood, une journée d’information dédiée au rôle de l’alimentation dans la dépression. L’occasion de faire le point sur les recommandations permettant la mise en place d’une alimentation bénéfique pour la santé mentale et de présenter l’application homonyme d’aide à la prévention et à la gestion des troubles de l’humeur. 

Bien qu’il n’existe pas de modèle unique pour expliquer tous les aspects de la dépression, on sait aujourd’hui que "près de 40% des patients déprimés présentent une inflammation chronique de faible intensité, avec des marqueurs inflammatoires élevés dans le cerveau, le sang et le système digestif. L’alimentation a un impact direct sur la gestion de l’inflammation par notre corps. Des études montrent que la consommation excessive d’aliments pauvres en qualité nutritionnelle (boissons sucrées, aliments frits, riches en graisses animales ou en sel) favorise l’inflammation, y compris au niveau cérébral", affirme la Pre Marion Leboyer, psychiatre, professeure des universités à l'université Paris Est Créteil et directrice de la fondation FondaMental. "En revanche, le régime méditerranéen, riche en légumes, céréales complètes, fruits, légumineuses, noix et graines, semble contribuer à réduire l’inflammation et, par conséquent, aider à mieux gérer la dépression", précise-t-elle. 

Trouble de l’humeur fréquent, la dépression touche environ 5% de la population mondiale avec une prévalence deux fois plus élevée chez les femmes. Et environ 15 à 18% des individus connaîtront au moins un épisode dépressif au cours de leur vie. Le traitement de cette maladie et la prévention des rechutes impliquent une approche combinant thérapies psycho comportementales, médicaments, modifications du mode de vie - avec notamment la mise en place d’une activité physique régulière - amélioration de la qualité du sommeil et alimentation équilibrée.

Un axe intestin-cerveau

Par ailleurs, de récentes découvertes scientifiques ont mis en lumière l’importance du microbiote dans divers processus biologiques affectant le métabolisme, les maladies auto-immunes, le système immunitaire ainsi que la santé mentale et cérébrale. 

Pour Joël Doré, directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae, Paris), "l'axe intestin-cerveau joue un rôle crucial dans le lien entre alimentation et santé mentale. Les études montrent une communication bidirectionnelle entre l’intestin et le cerveau, via des voies neuronales, endocriniennes, immunitaires et métaboliques. Par exemple, des expériences de transplantation fécale chez des souris suggèrent que le microbiote intestinal pourrait influencer l’humeur et les troubles dépressifs. Une revue de 44 études a d’ailleurs révélé des différences significatives dans la composition du microbiote chez les patients atteints de maladies mentales. Des facteurs comme l'alimentation, le cadre de vie, l'âge, le niveau de stress, entre autres, influencent notre microbiote, qui en retour affecte notre humeur et nos émotions". Adopter un régime méditerranéen favoriserait donc un microbiote diversifié et équilibré permettant de contribuer à réduire les symptômes dépressifs et améliorer le bien-être général.

Une appli innovante et une alliée nutritionnelle 

Lors de cet événement, la fondation FondaMental a annoncé le lancement de son application Food4Mood qui propose un suivi quotidien personnalisé de l’alimentation pour prévenir les troubles dépressifs, contribuer à leur prise en charge et à celle des pathologies somatiques qui leurs sont souvent associées. 

Issue d’une collaboration entre scientifiques, psychiatres, nutritionnistes, diététiciens et chefs cuisiniers, son objectif est d'être la première application au monde à intégrer la composante nutritionnelle dans la gestion de la dépression. En proposant des outils pratiques pour modifier les habitudes alimentaires, elle vise à prévenir les épisodes dépressifs chez les personnes à risque (antécédents personnels ou familiaux de dépression, maladies chroniques), tout en soutenant la prise en charge des patients en cours de traitement.

L’application propose donc des changements alimentaires progressifs et des objectifs réalisables pour chaque utilisateur en tenant compte de pathologies associées, telles que le diabète, l’hypertension ou l’hypercholestérolémie. "Après l'avoir téléchargée, les personnes doivent remplir un questionnaire assez long permettant à l'application d'envoyer, quotidiennement, des messages éducatifs personnalisés mais aussi des idées de recettes et de menus sur-mesure fondés sur le régime méditerranéen", détaille Rémy Bonnasse, directeur et co-fondateur de DietSensor, éditeur d’applications mobiles dédiées à l’accompagnement nutritionnel. 

Pour en savoir plus sur l’application, rendez-vous sur le site de la fondation FondaMental.