En France, 1,6 million de personnes souffriraient de troubles bipolaires
Lancement de "myEDIT-B" : premier test sanguin pour différencier dépression et troubles bipolaires
Un diagnostic précoce et précis des troubles bipolaires (TB) permet la mise en place d’un traitement approprié et par conséquent d’éviter une chaîne d’évènements lourds de conséquences sur la santé mentale et physique des patients, sur leur qualité de vie ainsi que sur celle de leur entourage.
En France, 1,6 million de personnes souffriraient de troubles bipolaires
En France, 1,6 million de personnes souffriraient de troubles bipolaires (TB), (2,5% de la population), une pathologie qui survient généralement chez le jeune adulte entre 18 et 24 ans. Ces TB sont classés parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), et la morbimortalité associée à ces troubles est majeure. Ainsi, les troubles bipolaires peuvent engendrer notamment isolement social, difficultés scolaires ou professionnelles, conduites à risques et insomnie. Près d’un malade sur deux fera au moins une tentative de suicide dans sa vie et 15% décèderont par suicide.
Un important retard au diagnostic
Si les études publiées montrent un retard au diagnostic de 8 à 10 ans en moyenne, une enquête menée en 2023 par l’association Bipolarité France indique que 20% des répondants ont eu la confirmation du diagnostic plus de 15 ans après l’apparition des premiers symptômes. Pourtant, distinguer TB et dépression unipolaire est crucial pour adapter les traitements comme le précise la Pre Chantal Henry, psychiatre PU-PH au GHU Paris Psychiatrie et neurosciences et directrice scientifique de la Fondation Pierre Deniker : "L’importance du diagnostic différentiel est d’autant plus grande que les antidépresseurs peuvent provoquer chez des patients bipolaires sans thymorégulateur un virage de l’humeur, une mauvaise réponse aux antidépresseurs, ou encore une aggravation de la symptomatologie dépressive."
A ce jour, il n’existait pas, en France, d’outils d’évaluation biologique ni de biomarqueurs détectables par imagerie ou dans le sang, validés par la réglementation et utilisables en routine clinique pour le diagnostic des TB. Ce dernier repose sur un examen clinique psychiatrique du patient, réalisé par un spécialiste à l’aide de questionnaires et diverses échelles validées. Or ce diagnostic initial est très souvent erroné puisque les TB sont confondus avec la dépression dans 60% des cas.
"MyEDIT-B", premier test validé d’aide au diagnostic est basé sur le séquençage de l’ARN et l’intelligence artificielle (IA), sera disponible à compter du mois d’avril dans les laboratoires du réseau Synlab.
Techniquement, "myEDIT-B" mesure les modifications d’édition d’ARN de marqueurs spécifiques dans le sang des patients. Synlab utilise la technologie de pointe du séquençage de nouvelle génération (NGS), avec un algorithme développé par la société Alcediag qui a conduit les recherches et le développement de ce test. Ces techniques d’apprentissage statistiques, connues sous le nom de "machine learning", ont ainsi permis de sélectionner spécifiquement 8 séquences d’ARN sur lesquelles analyser l’édition d’ARN - parmi plusieurs milliers édités - afin d’obtenir une signature différentielle des dépressions unipolaires et bipolaires. L’algorithme "myEDIT-B" prend aussi en compte des données multifactorielles : âge, sexe, traitements et addictions.
Validation par deux études cliniques
Les résultats d’une première étude clinique monocentrique, portant sur 255 patients et réalisée en France*, et d’un deuxième essai clinique multicentrique mené cette fois-ci en Suisse avec 143 patients (publication en cours), montrent des performances analogues et supérieures à 80% pour la sensibilité et la spécificité du test. Ces deux études ont permis au test d’obtenir le marquage CE, une première mondiale. "Notre objectif avec ce test est d’aider les psychiatres à réduire le temps de diagnostic des TB de plusieurs années à quelques semaines, puis nous l’espérons à quelques jours", explique Alexandra Prieux, PDG d’Alcediag.
Disponible sur prescription (par un psychiatre) dès le mois d’avril, le test s’adresse aux patients de 18 ans et plus, actuellement traités pour un épisode dépressif caractérisé modéré ou sévère. Le coût s’élève à 900 euros à la charge du patient pour le moment.
*Salvetat & al. A game changer for bipolar disorder diagnosis using RNA editing-based biomarkers. Translational Psychiatry (2022) 12:182
Références :
D’après une conférence de presse des Laboratoires Synlag (21 mars)
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