Infection à CMV : sans dépistage chez la femme enceinte, la prévention primaire doit être renforcée
Le dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus est débattu et est actuellement non recommandé. Les mesures d’hygiène avant et pendant la grossesse sont essentielles, et le médecin généraliste joue un rôle majeur dans la diffusion de ce message.
Si le cytomégalovirus (CMV) ne présente pas de danger particulier en population générale, il peut être à l’origine de séquelles potentiellement graves et permanentes au niveau du système nerveux central chez les enfants à naître, en cas de contamination pendant la grossesse. Toutefois, l’impact reste modeste à l’échelle populationnelle en termes de nombre. « En effet, l’infection grave au CMV concerne 1 à 6 nouveau-nés pour 100 000, et on estime qu’entre 0,6 à 1,4 % des femmes enceintes font une primo-infection à CMV », détaille la Dre Mathilde Barrois, gynécologue obstétricienne à l’hôpital Cochin, Paris. En outre, les interventions possibles à la suite d’un dépistage sont limitées ou non consensuelles.
Le HCSP maintient sa position
Le Haut Conseil de la santé publique (HSCP) a été saisi en avril 2022 par le directeur général de la santé qui questionnait une évolution de l’avis de 2018 sur ce sujet après plusieurs nouvelles publications concernant l’infection materno-fœtale. Il s’agissait, en particulier, de tenir compte d’une étude concernant l’intérêt du valaciclovir en prévention chez la femme enceinte, qui visait à réduire la transmission au fœtus et les risques de séquelles(1).
Le HSCP a fait savoir dans son dernier rapport de 2024(2) qu’il maintenait sa position et ne recommandait toujours pas la mise en œuvre systématique de ce dépistage pendant la grossesse. « Des inconnues demeurent sur l’efficacité et les risques d’un traitement prolongé à forte dose par valaciclovir sur le devenir du fœtus », explique la Dre Barrois. Les données disponibles ne permettent pas de conclure à un rapport bénéfice/risque favorable.
Traitement préventif de l’infection materno-fœtale
Pour limiter l’infection à CMV in utero, le HCSP recommande de promouvoir, auprès des femmes enceintes et de leur entourage, les consignes d’hygiène permettant de prévenir le risque de contamination. « Il est essentiel de bien expliquer aux patientes qu’elles doivent éviter tout contact avec les liquides biologiques, bien se laver les mains après avoir changé une couche, éviter le contact avec les larmes, ne pas partager la même brosse à dents et ne jamais lécher la cuillère après avoir fait manger son premier enfant ! Ce dernier exemple est très fréquent et constitue la situation type de séroconversion ! », commente la gynécologue.
Face à une sérologie CMV qui a été réalisée
Il faudra, dans ce cas, informer les patientes sur des risques de séquelles limités à une infection contractée au premier trimestre de la grossesse. Ensuite, l’objectif sera de déterminer le moment de survenue de la primo-infection, en périconceptionnel ou au premier trimestre. Pour ce faire, une sérologie IgG et IgM anti-CMV et une mesure de l’avidité des IgG anti-CMV sont indiquées en première intention. Enfin, en cas de séroconversion du premier trimestre établie, le passage transplacentaire pourra être évalué en réalisant une PCR CMV dans le liquide amniotique.
- Shahar-Nissan K, et al. Lancet 2020;396(10253):779-85.
- Dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus pendant la grossesse (HCSP, 2 février 2024).
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Références :
Journées nationales de médecine générale (JNMG, 10 et 11 octobre 2024, Cnit Forest de Paris-La Défense)
D’après la présentation de la Dre Mathilde Barrois (hôpital Cochin, Paris) lors de la session « Suivi de grossesse normale ».
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