Champagne, iPhones, montres… La ministre de la Santé confirme être visée par une enquête pour avoir reçu 20000€ de cadeaux d'Urgo
Les tempêtes s'abattent jour après jour, avenue de Ségur. Après le départ surprise d'Aurélien Rousseau et son remplacement au pied levé par sa ministre déléguée, Agnès Firmin Le Bodo, mercredi, Médiapart a révélé jeudi que cette dernière, pharmacienne de profession et propriétaire d'une officine au Havre, était visée par une enquête de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de Normandie pour avoir illégalement reçu de 2015 à 2020 des cadeaux des laboratoires Urgo.
Champagnes Taittinger, iPhones, montres Omega ou Tag Heuer, coffrets Relais & Châteaux, téléviseur Samsung… Au total, d'après les éléments de l'enquête relevés par Mediapart et tirés des listes d'Urgo, Agnès Firmin Le Bodo aurait reçu pour 20 343,70 euros de cadeaux, y compris après son entrée à l'Assemblée nationale (juin 2017). La pharmacienne du Havre ferait même partie des plus gros bénéficiaires de Normandie, parmi la quarantaine de pharmaciens concernés dans la région.
Cette enquête fait suite à la condamnation en janvier 2023 des Laboratoires Urgo à une amende de 1 125 000 euros (dont 625 000 euros avec cette sursis) pour cette politique de cadeaux (chiffrée à 55 millions d'euros en tout), qui visait à garantir une mise en avant de leurs produits dans les officines et le renoncement aux remises commerciales par les pharmaciens. Or, la loi interdit aux professionnels de santé de recevoir des avantages en espèces ou en nature, à moins qu'ils ne soient d'une valeur négligeable. Seules exceptions, qui doivent être déclarées sur la base transparence.gouv : la prise en charge des déplacements à des congrès médicaux et scientifiques, la rémunération pour des activités de recherche, encadrées par des conventions, l’organisation de formations par les laboratoires, etc.
Agnès Firmin Le Bodo a confirmé, ce vendredi 22 décembre sur France Bleu, qu'une "enquête est en cours", "dans le cadre de ma fonction de pharmacien". Elle n'a pas souhaité s'étendre sur le sujet. "Permettez-moi de réserver les échanges que je devrais avoir avec les autorités compétentes dans les jours suivants."
[avec Mediapart, France Bleu et AFP]
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