"Aucune autre spécialité ne cumule autant de rôles" : la Cnam et les syndicats se penchent sur la revalorisation du médecin traitant
C'est un sujet qui fait "l'unanimité" : la revalorisation de la fonction de médecin traitant est l'un des objectifs des négociations conventionnelles qui viennent de s'ouvrir entre la Cnam et les syndicats de médecins libéraux. "On a besoin de médecins traitants qui font du suivi global, de la médecine 'au long cours' et pas du one shot de consultations ponctuelles sans gestion de dossier, de multipathologie, de prévention, de vaccination", résume le Dr Richard Talbot de la FMF, au lendemain d'une première séance thématique consacrée à ce sujet. "Tout le monde est d'accord, maintenant la question c'est combien et comment", lance le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML.
Mais avant de parler tarifs et forfaits, la Cnam a souhaité mieux définir et identifier l'activité du médecin traitant, pour mieux la distinguer de celle des généralistes dont l'activité est par exemple, centrée sur les soins non programmés. En clair, quels sont les indicateurs qui signent l'activité du médecin traitant ? "On est généraliste, d'accord, mais à partir de quand on considère qu'on est médecin traitant ? 50, 100, 300 patients MT ?", relève le Dr Luc Duquesnel, président des Généralistes-CSMF, soucieux d'éviter les "exclusions" et les "effets d'aubaine". "S'il suffit de signer un contrat avec sa belle-mère pour être médecin traitant, on voit bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans la définition", renchérit son homologue de MG France, la Dre Agnès Giannotti.
D'après les chiffres présentés hier par la Cnam, les 52 169 médecins généralistes (hors MEP*) installés au 31 décembre 2022 ont une file active moyenne de 1710 patients et 1120 patients MT déclarés (dont 997 adultes). Au-delà de ce chiffre global, la Cnam s'est penchée sur l'activité, révélant par exemple que pour 10% des généralistes, les actes MT représentent moins d'un quart de l'activité totale.
"Prendre en charge au long cours, en particulier les patients âgés ou en ALD et les nourrissons impacte fortement en négatif les niveaux de patientèle ou de file active", signale Richard Talbot, qui craint que la Cnam ne valorise "la quantité" au détriment de la qualité. "Favoriser les patientèles importantes serait une connerie", abonde Jérôme Marty. Non seulement cela n'inciterait pas à "faire une médecine de qualité", mais cela exclurait les médecins qui sont à temps partiel ou en exercice mixte, met-il en garde, suggérant plutôt à la Cnam de s'intéresser au "ratio de patients en ALD", qui "qualifie l'activité de suivi du médecin traitant".
"Et puisqu'ils veulent définir l'activité de médecin traitant, on leur a rappelé que c'est une médecine de relais, une médecine d'organisation, de coordination, de diagnostic et de prévention. Avec un rôle sanitaire mais aussi social. Et tout ça pour 26 balles, lance le président de l'UFML. Aucune autre spécialité ne cumule autant de rôles. On est très loin du compte en termes de financement, mais aussi en termes de qualité : dans une consultation, il peut y avoir 5, 6 voire 7 briques qui sont présentes et en 15-20 minutes, vous n'avez pas le temps de bien faire", souligne le généraliste.
La revalorisation doit passer à la fois par le tarif de la consultation et par le montant du forfait patientèle médecin traitant, s'accordent les syndicats. Avec éventuellement un "forfait majoré" pour les médecins qui participent à la PDSA, au SAS, qui sont maîtres de stage universitaires ou "qui exercent en zone très sous-dotée", imagine Luc Duquesnel.
Mais sur ce point, les syndicats sont restés sur leur faim. Le prochain "focus" consacré à la question est prévu le 6 décembre.
*MEP : médecins à exercice particulier, type homéopathes, acupuncteurs, ostéopathes, sexologues…
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