Alors que la Direction générale de l’offre de soins a ordonné, en janvier dernier, le retrait "de l’ensemble des fresques à caractère pornographique et sexiste" dans les salles de garde des internats, la question continue de diviser les médecins. Lecteurs d’Egora, nous vous avons demandé votre avis et vous vous êtes prononcés à 85% contre leur effacement.
“La salle de garde avec ses fresques est un lieu symbolique, elle représente la vie, l’Eros, l’instinct de vie, certes de manière excessive et caricaturale, mais nécessaire à l’équilibre psychique du médecin”, témoigne ainsi Patrice C, qui a voté “non” au sondage. “Il ne s’y exprime aucune brutalité, aucun sexisme malgré les apparences, mais la fête de la vie avec ses excès et ses dérisions, d’une vie où le sexe va lui donner la force et l’énergie de recommencer le lendemain (...). La salle de garde est un lieu symbolique, initiatique, inaccessible et incompréhensible aux profanes. Ces lieux devraient donc être préservés de leur regard, interdits aux yeux non éclairés”, écrit-il encore. “Je suis farouchement contre leur destruction. Bien qu'étant une femme. J'ai tant ri autrefois devant elles ! Nous avions besoin d'exutoire. Exemple, nous sommes allés enlever le piano de l'hôpital voisin.... Cela fait partie de notre histoire, au même titre que les cathédrales !”, appuie Brigitte V.
Pour Francis B, “l’esprit carabin est une des traditions du monde étudiant médical français. Ces fresques témoignent de la façon dont les jeunes médecins caricaturent, pour mieux exorciser l’univers implacable de la maladie et de la mort qu’ils sont en train de découvrir. Cette dérision, pleine d’excès, a un corollaire, l’humanisme du médecin dans son exercice quotidien. Cela ne fait de mal à personne, si l’on est capable de voir le second degré”. “Ces fresques sont la mémoire d'une époque et d'une génération de médecins”, résume aussi Jean-Pierre L.
En revanche, Patrick V, qui a voté “oui”, a toujours “trouvé ça au minimum pathétique dans les grands hôpitaux” dans lesquels il a “bourlingué”. D’accord avec lui, Géraldine D considère que ces fresques “ont la fonction de choquer et de créer un entre-soi archaïque et masculin sous couvert de préserver l’esprit carabin. Peut-on rire de tout avec tout le monde ? La pornographie devrait être un choix et non une obligation”. “Le harcèlement sexuel durant les études de médecine est une réalité il serait temps de se poser les bonnes questions”, ajoute-t-elle.
“Ce sont des dessins d'un autre temps que j'ai découvert il y 50 ans. Déjà à cette époque, alors que j'étais un lecteur assidu de hara-kiri donc habitué aux caricatures 'trash' mais drôles, ces fresques ne me semblaient pas être au bon endroit. Elles n'ont plus leur place dans les salles de garde, mettons-les dans un musée pour les historiens”, témoigne de son côté Jacques F. “Les thèmes de ces fresques sont vulgaires, de type pornographie de bas étage. Les situations sont dégradantes pour les femmes et les hommes. Ceci n'évoque heureusement plus rien pour les jeunes médecins”, ajoute Anne-Marie L.
“L’effacement ou non aurait dû être au vote des médecins dans chaque hôpital”, propose quant à elle Nadia L qui précise avoir voté “oui mais”.
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