"Les pouvoirs publics, à commencer par le chef de l’État lui-même, doivent avoir conscience que l’hôpital public est en train de se fissurer et bientôt de s’écrouler", écrivent conjointement les 5000 soignants, signataires de la tribune publiée dans les colonnes du Monde ce mercredi 21 décembre. Rappelant que le Ségur de la Santé "a suscité de grands espoirs, mais n’a rien réglé", ils ont décidé de formuler quatre grandes propositions "concrètes" pour "sauver l’hôpital public", "qu’il est possible de mettre en œuvre très rapidement".
Il faut commencer, selon eux, par "tarir l’hémorragie de soignants". Ils proposent ainsi de mettre en place une charte nationale indiquant que l’objectif "d’ici à trois ans" est d’avoir un "ratio maximal de patients par infirmière". "Par exemple, pas moins d’une infirmière pour huit patients dans un service de médecine adulte", illustrent-ils. Pour cela, il faudrait en recruter 100.000, estiment les signataires.
Revaloriser financièrement les soignants doit être l’une des priorités. Pour eux, l’urgence est de "valoriser le travail de nuit et de week-end, et prendre en compte le coût élevé du logement des soignants travaillant dans les centres des grandes villes".
Ils appellent ensuite à un "changement de gouvernance". "Chaque service doit rester libre de se regrouper ou pas en pôle ou en département, et ce sur des arguments médicaux ou de recherche, sans considération de gestion financière. Chaque service doit être libre de proposer son organisation, ses horaires de travail et doit pouvoir gérer le recrutement de son personnel avec les ratios indiqués plus haut", écrivent les signataires, qui souhaitent mettre en place un trinôme, composé "du directeur d’hôpital, du responsable médical et du responsable paramédical, associé à une commission médicale d’établissement intégrant tous les personnels de l’hôpital".
Enfin, le dernier axe essentiel pour redresser l’hôpital public repose sur la question du financement. "Plutôt qu’une tarification à l’activité qui nécessite beaucoup de ressources en personnel éloigné du patient pour l’appliquer et la contrôler, ne pourrait-on pas poursuivre sous une forme adaptée cette garantie de financement ?", interrogent-ils. Ils préconisent de la moduler d’une année sur l’autre, "avec des critères simplifiés mais robustes" tels que le nombre d'admissions, le nombre de consultations, d’actes opératoires ou encore d’accouchements.
"Il y a urgence", appellent-ils. "Face à cette dégradation sans précédent de notre système hospitalier, l’engagement et l’action du chef de l’Etat, qui a si bien qualifié l’hôpital public de ‘trésor de la République’, sont devenus indispensables."
[avec Le Monde]
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