L’hôpital, comme l’ensemble de notre système de santé, est à bout de souffle. L’épidémie de bronchiolite en est le dernier révélateur, avec une saturation totale des réanimations pédiatriques avec des enfants y arrivant tard, donc dans un état plus grave, sans compter des enfants sous ventilation non invasive, à plusieurs dans un même box des services d’urgence… Le ministre François Braun a débloqué à la hâte 400 millions d’euros, comme son prédécesseur avait été contraint de libérer des milliards pour tenter d’apaiser un hôpital en crise en sortie de pandémie. Autant de sparadraps qui ne résolvent rien sur le fond. Car comme le révèle une récente étude de Fipeco*, la France est déjà championne des dépenses hospitalières en Europe, avec 4,6% du PIB, à égalité avec le Danemark. Si les hôpitaux ne connaissent pas de telles tensions chez nos voisins, allemands notamment, c’est bien la preuve qu’il ne s’agit pas que d’argent.
Les dépenses que nous consacrons à la santé sont parmi les plus élevées des pays de l’OCDE, mais cette enveloppe est trop souvent mal dépensée. Ainsi, la proportion de «non-soignants» dans nos hôpitaux est proche d’un tiers quand elle n’est que de 22% en Allemagne, soit une différence de 10% dans une masse salariale hospitalière se chiffrant en dizaines de milliards d’euros. Et l’articulation ville-hôpital est défaillante depuis des années, comme en témoigne la proportion – près du quart – de passages aux urgences hospitalières de patients ne trouvant simplement pas de médecin traitant. Tant que de tels maux ne seront pas corrigés, déverser des millions ou des milliards d’euros reviendra encore et toujours à arroser le sable, sans rassurer les Français, dont 73% pensent que l’hôpital fonctionne mal**. Il serait grand temps de penser «organisation globale» de notre système de santé plutôt qu’apporter des réponses sectorielles, silo après silo ! * site d’information sur les finances publiques
** sondage Ifop pour le JDD, publié le 6 novembre 2022
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