Le déficit de la Sécu pour 2021 "largement moins" abyssal que prévu

16/03/2022 Par Sandy Bonin
Assurance maladie / Mutuelles

Après le record post-Covid de 38,7 milliards en 2020, le déficit de la sécu est revu à 24,6 milliards d'euros, "largement moins" que prévu selon le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt.   Le déficit de la Sécurité sociale s'est réduit d'un tiers en 2021, à 24,6 milliards d'euros, a annoncé mardi 15 mars le ministre des Comptes publics, Olivier Dussopt, espérant que ce "solde largement moins dégradé" que prévu ait "un effet positif" cette année et les suivantes. Avec cette perte de 24,6 milliards, la Sécu reste encore à un niveau plus bas que son creux de 2010 post-crise financière. Pour rappel, l'année du choc du Covid, le régime général et le fonds de solidarité vieillesse avaient enregistré un déficit sans précédent de 38,7 milliards d'euros. La Sécurité sociale a pleinement joué son rôle d'"amortisseur" de crise, a souligné Olivier Dussopt.

Le rebond de 2021 ne s'explique pas par la baisse des dépenses, qui, au contraire, ont continué de s'alourdir de 5,6% par rapport à 2020, du fait de la crise sanitaire. Les dépenses d'assurance-maladie ont été supérieures de 700 millions d'euros à l'objectif, atteignant 239,5 milliards. Mais les recettes ont été en hausse de 9,7%, portées par une forte reprise économique l'année dernière. La croissance du PIB a finalement atteint 7%. La masse salariale du secteur privé a crû de 8,9% au lieu des 7,2% prévus, soit 3,9 milliards de recettes imprévues dans les caisses des organismes de Sécurité sociale. Le dernier budget, voté en décembre, tablait encore sur un déficit de 33,5 milliards, même si la reprise économique augurait déjà d'un meilleur résultat. La Sécu a donc vu ses recettes rebondir de 9,7% l'an dernier, encaissant davantage de cotisations (3,9 milliards), d'impôts (1,5 milliard) et de prélèvement sur les indépendants (1 milliard) qu'escompté. Elle a aussi récupéré 1,8 milliard d'euros provisionnés au titre des reports de paiement accordés aux entreprises, dont "la capacité à faire face est plus importante que ce que nous imaginions, ce qui est une bonne nouvelle", a souligné Olivier Dussopt lors d'une audition devant la commission des affaires sociales du Sénat. L’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) a atteint 239,5 milliards d’euros, soit 0,7 milliard d’euros de plus que l’ONDAM 2021 tel que rectifié en LFSS pour 2022. Les dépenses liées à la crise sanitaire ont été plus élevées qu’attendu, notamment au titre des tests, des indemnités journalières, de la compensation des surcoûts pour les établissements de santé et médicco-sociaux. Plus de 1,5 milliards d’euros supplémentaires sont notamment délégués aux hôpitaux dans le cadre de la clôture des comptes 2021 et plus de 200 millions supplémentaires pour les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Au total en 2021, les mesures pour faire face à la crise sanitaire ont représenté 18 milliards d’euros dans l’ONDAM. La montée en charge du Ségur de la santé représente un enjeu financier de quasiment 10 milliards d’euros. "En 2021 encore, la Sécurité sociale aura été en première ligne dans la lutte contre le covid, au plan sanitaire comme économique. Si son déficit en 2021 reflète cette très forte mobilisation, l'amélioration de 9 milliards d'euros de son solde par rapport aux dernières prévisions témoigne du retour de la croissance et de la pertinence des mesures mises en œuvre depuis mars 2020", ont commenté Olivier Dussopt et Olivier Véran dans un communiqué commun. Le ministre des Comptes publics a réaffirmé qu'il ne souhaitait pas divertir une partie des ressources de la Caisse d'amortissement de la dette sociale pour équilibrer les comptes courant de la Sécurité sociale, contrairement à ce que propose le Haut Conseil pour le financement de la protection sociale. Il s'est également opposé à une augmentation des cotisations, car cela "tue la croissance et augmente les déficits". Pour Olivier Dussopt, les comptes devront être redressés "à moyen terme", mais cela passe par "des réformes structurelles" pour "poursuivre l'accroissement du potentiel de croissance", a-t-il dit en citant la réforme des retraites. Une "rénovation de la régulation des dépenses de l'Assurance-maladie" et "de nouveaux outils de gouvernance des finances sociales" pluriannuels sont les autres pistes évoquées. [Avec lesechos.fr et l'AFP]

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