Six soignants sur 10 ne peuvent plus se passer de leur smartphone dans le cadre de leur pratique
Avec la crise sanitaire, êtes-vous devenu un soignant 3.0? C'est la question que nous vous avons posée dans le cadre d'un baromètre sur la digitalisation des professionnels de santé, réalisé en partenariat avec l'application 360Medics, Techtomed* et SimForHealth**. Sur les 2400 soignants répondants***, 81% déclarent utiliser des outils digitaux dans le cadre de leur pratique, contre 78% avant la crise. Chez les médecins, le boom digital est plus marqué puisqu'ils sont 87% à les utiliser, soit une augmentation de 8 points. Les plateformes de téléconsultation sont les outils qui ont connu le plus fort développement, avec un quasi triplement des usages : de 13% d'utilisateurs avant la crise à 33% aujourd'hui. Signes d'un besoin accru de coordination et de partage des connaissances, les plateformes d'échanges entre confrères telles que Whatsapp ont également connu une forte progression (de 26% de soignants utilisateurs à 36%). Les sites web de sociétés savantes et d'institutions de santé, ainsi que de publications scientifiques et d'actualité médicale ont également été consultés par un nombre accru de soignants (respectivement 64.6% et 71.6% des répondants), traduisant leur besoin de s'informer en temps réel sur la maladie et sur les dernières recommandations. De même, les applications médicales (70.6% d'utilisateurs) et les plateformes de formation continue ou de DPC (+6.8 points) sont en forte progression.
Le baromètre révèle une dépendance forte des soignants vis-à-vis de ces outils digitaux : 80% des utilisateurs déclarent ne plus pouvoir s'en passer dans le cadre de leur pratique. Le smartphone est d'ailleurs devenu incontournable pour 67% des soignants interrogés. 63.3% des sondés n'hésitent pas à utiliser ces outils digitaux durant la consultation, au vu et au su du patient. La moitié des utilisateurs (52%) estiment que ces outils leur ont fait gagner 30 minutes par jour. Huit soignants sur 10 se déclarent en confiance vis-à-vis de ces outils, un taux en progression de 26% avec la crise. A l'inverse, les 19% de non utilisateurs expliquent leur réticence par un manque de formation, leur manque de confiance ou encore par des questions éthiques. Pour près de la moitié des répondants (48.5%), les outils digitaux ont même un impact positif sur la pratique de l'examen clinique, tandis que 38.61% jugent l'impact neutre et 12.87% estiment qu'il est négatif. Ils sont 58.5% à considérer que la relation soignant-soigné s'en trouve inchangée, et 24.5% qu'elle s'est améliorée ; pour 14.5% des sondés, en revanche, les outils digitaux ont eu pour effet de la dégrader. Pour bon nombre de soignants, l'outil digital est un plus, mais "l'examen clinique reste fondamental". Alors que la relation avec le patient "repose sur le dialogue, l'écoute", souligne un répondant, "une consultation penchée sur un écran est délétère", renchérit un autre. "La médecine souffre déjà d'une déshumanisation et d'une anonymisation. Comment examiner un patient à travers un écran ? Veut-on scier la branche sur laquelle est notre profession ? L'étape suivante sera des logiciels d'auto-diagnostic et les patients fuiront vers les pratiques parallèles pour retrouver un contact humain !", alerte un autre professionnel. Alors que la crise sanitaire a mis en évidence la solitude et l'isolement d'une partie de la population, un professionnel rappelle enfin que "certaines personnes n'auront jamais accès au numérique : personnes âgées, handicapées, milieux défavorisés". "Le présentiel doit rester une priorité, et le numérique un second choix", conclut-il. *Cabinet de conseil et de développement au croisement de la santé et du numérique
**éditeur de solutions numériques pour la formation initiale et continue des professionnels de santé
***Questionnaire auto-administré du 4 au 29 janvier sur 360Medics et Egora. Parmi les 2400 répondants, 40.8% sont médecins, 33.8% infirmiers, 5.6% pharmaciens et 19.8% issus d'autres professions de santé. 34.2% ont entre 25 et 45 ans, 11.2% ont moins de 25 ans et 54.6% ont plus de 45 ans.
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