Douze professeurs de médecine appellent à autoriser l'immunothérapie contre le Covid
Dans une tribune publiée dans Le Monde, douze professeurs de médecine appellent à autoriser l'usage de l'immunothérapie pour traiter les patients fragiles et/ou âgés atteints du Covid qui "sont à risque de développer des formes sévères". "Actuellement, ces patients n’ont accès à aucun traitement spécifique et sont suivis à domicile par leur médecin, puis hospitalisés en cas d’aggravation. De nouveaux traitements bloquant l’entrée du virus dans les cellules viennent de montrer leur capacité à diviser par trois le risque d’hospitalisation dans deux études randomisées en double aveugle contre placebo qui ont inclus plus de 1 000 patients. (…) Le principe de ces traitements repose sur l’immunothérapie passive. Comme pour d’autres infections, telles que le tétanos ou la rage, elle consiste à apporter rapidement au patient infecté des anticorps qui persistent quelques semaines environ, afin de guérir l’infection. La perfusion de plasma de patients convalescents et hyperimmunisés contre le virus SARS-CoV-2 est un exemple d’immunothérapie passive", écrivent les signataires de la tribune, qui rappellent que l'immunothérapie passive fait l’objet en France d’une autorisation temporaire d’utilisation, mais qu'elle nécessite une logistique complexe. Selon eux elle n'est donc pas adaptée à un traitement à grande échelle en pleine pandémie.
"Plusieurs entreprises pharmaceutiques sont engagées dans cette course, comme c’est le cas pour les vaccins. La capacité de ces anticorps à bloquer l’entrée du virus dans les cellules a été démontrée en laboratoire, puis testée chez des patients récemment infectés dans des essais cliniques répondant aux standards les plus exigeants de la recherche clinique (études randomisées en double aveugle contre placebo). Les résultats de ces essais commencent à être connus", développent les médecins citant l'exemple du bamlanivimab. "Le critère principal de l’étude – la diminution de la charge virale au onzième jour – a été atteint avec l’une des trois doses. Chacune d’entre elles a permis une diminution du risque d’hospitalisation avec, chez les patients à risque de forme sévère (environ 70 % des patients inclus dans l’étude), un risque d’hospitalisation de 4 % sous bamlanivimab et de 15 % sous placebo. Aucun patient sous bamlanivimab n’a été hospitalisé en réanimation. Et la tolérance du traitement a été très satisfaisante. Ces résultats ont été publiés dans l’une des revues médicales de référence, le New England Journal of Medicine", se félicitent les soignants. Ils citent également le casirivimab et l’imdévimab mais rappellent que le détail des résultats intermédiaires n'ont pas encore été publiés. "L’intérêt de ces anticorps pourrait diminuer dans le futur, lorsque la vaccination sera généralisée et la couverture vaccinale très importante. Néanmoins, les patients âgés et fragiles ne sont pas nécessairement ceux qui produiront le plus d’anticorps en réponse à la vaccination, et ces anticorps pourraient rester précieux en cas d’infections des sujets à haut risque de forme sévère – les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes par exemple, ou les patients ayant eu une transplantation d’organe", estiment les signataires.
Aux Etats-Unis, deux études cliniques ont conduit la FDA à délivrer une autorisation exceptionnelle d’utilisation pour le bamlanivimab et pour l’association casirivimab-imdévimab, chez les patients récemment infectés, non hospitalisés et à risque de forme sévère. D’autres pays comme le Canada, et certains pays européens sont eux aussi en train de permettre l’accès à ces traitements. "Il faut maintenant espérer que les autorités françaises sauront trouver un cadre pour permettre, dès les prochains jours, l’accès de ces anticorps aux patients à risque de forme sévère, tout en continuant l’étude de leur tolérance et de leur efficacité, et l’évaluation du rapport coût/bénéfice", espèrent les soignants, en précisant que "la situation sanitaire justifie une accélération du calendrier. L’autorisation temporaire d’utilisation (ATU), équivalent de l’emergency use authorization américaine, est l’un des cadres réglementaires possibles et permettrait, si nécessaire, l’arrêt immédiat de l’accès au médicament si un "signal" de mauvaise tolérance apparaissait dans les études en cours." Les signataires de la tribune: Pr Djillali Annane, Pr Eric Caumes, Pr Michel Cogné, Pr Samira Fafi-Kremer, Pr Jacques-Eric Gottenberg, Pr Yvon Lebranchu, Pr Jean-Louis Mandel, Pr Renato Monteiro, Pr Jean-François Nicolas, Pr Philippe Sansonetti, Pr Jean Sibilia, Pr Hervé Watier. [Avec lemonde.fr]
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