Une enquête menée par Medscape auprès de 1025 médecins révèle des résultats alarmants sur la santé mentale et l'épuisement des praticiens, qui ont souffert de la crise.
Partir travailler avec l'"envie de pleurer, une boule dans la gorge et ventre". Souffrir de "maux de tête constants entrainant irritabilité, perte d'énergie, consommation de codéine et prise d'alcool". Démissionner d'un poste de praticien hospitalier et "abandonn[er] la carrière universitaire" pour "sauver sa famille". Les témoignages recueillis par Medscape dans le cadre de son enquête sur le burn out des médecins français sont édifiants. Et les résultats alarmants : en 2020, 51% des sondés* ont souffert d'épuisement professionnel, contre environ 30% lors des précédentes enquêtes en 2016 et 2018.
Pour 14% d'entre eux, les symptômes sont si sévères qu'ils pourraient les conduire à arrêter la médecine. Près d'un tiers des médecins interrogés (32%) confient avoir déjà pensé au suicide et 2% avoir déjà fait une tentative.
Pour la majorité des médecins en burn out (63%), la crise du Covid a augmenté la sévérité des symptômes. Ils évoquent l'épuisement physique lié à la surcharge de travail ou la maladie, la perte de confiance dans les instances gouvernementales et médicales, les dilemmes éthiques. Seulement 2 médecins sur 9 estiment que les applaudissements à 20 heures leur ont remonté le moral.
Interrogés sur leur temps de travail, les trois quarts des médecins ont rapporté travailler plus de 40 heures par semaine : 31% plus de 50 heures et 18% plus de 60 heures. Près de la moitié (48%) ont fait plus de 5 heures supplémentaires par semaine durant la crise du Covid, notamment les hospitaliers. A l'inverse, 29% des sondés disent avoir moins travaillé, en particulier les libéraux.
Face à cet épuisement professionnel, 45% des répondants disent n'avoir jamais eu recours à un soutien psychologique.
L'enquête s'est également intéressée au mode de vie des médecins français, révélant ainsi que 5% des sondés consomment plus de 10 verres d'alcool par semaine, que 17% d'entre eux fument du tabac. Dans l'ensemble, seulement 41% des médecins déclarent être heureux dans leur vie professionnelle, et 59% être heureux dans leur vie personnelle.
*1025 médecins exerçant en France ont répondu à ce sondage en ligne entre le 2 juin et le 8 septembre ; 53% d'entre eux exercent à l'hôpital.
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