L'Assemblée nationale a voté mardi 27 octobre un projet de budget de la Sécu. Le Covid-19 a creusé des déficits abyssaux, qui risquent encore de s'aggraver avec le rebond épidémique.
Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2021 a été adopté en première lecture par 326 voix pour, 204 contre et quatre abstentions ce mardi à l’Assemblée nationale. Dans les faits, ce projet entérine une demande de rallonge dès cette année de 2,4 milliards pour aider les établissement de santé, notamment l'ouverture de lits "à la demande" dans des hôpitaux confrontés à une hausse exponentielle des cas de Covid-19. Cet argent doit aussi servir à honorer l'engagement du Premier ministre Jean Castex d'avancer à décembre des hausses de salaire du "Ségur de la santé" et une "survalorisation" des heures supplémentaires pour des personnels éprouvés par la première vague épidémique, à qui un surcroît d'effort est à nouveau demandé.
Au titre des réformes, le projet de loi acte un nouveau "forfait" de 18 euros pour les patients allant aux urgences sans être ensuite hospitalisés, qui a été validé malgré de fortes réserves de la gauche. Le financement de la nouvelle branche "autonomie", qui regroupe une grande partie des crédits destinés aux personnes âgées dépendantes ou handicapées, a aussi provoqué de vifs débats portant sur les incertitudes qui pèsent sur son financement.
Majorité et Gouvernement ont soutenu une "première étape" dans un projet de longue haleine de meilleure prise en charge du grand âge, avec 2,5 milliards d'euros supplémentaires en 2021 pour la modernisation des Ehpad notamment. Trop peu pour les oppositions, qui dénoncent un simple "ripolinage" face au défi du vieillissement : en 2040, près de 15% des Français (10,6 millions de personnes), auront 75 ans ou plus.
Dans un des rares moments d'unanimité, les députés ont cependant voté une enveloppe de 150 millions d'euros en 2021 puis 200 millions à partir de 2022, pour augmenter les salaires des...
aides à domicile. Autre moment consensuel: les députés ont donné leur feu vert au doublement du congé paternité, de 14 à 28 jours dont 7 obligatoires, à partir du 1er juillet prochain. Enfin, via un amendement parlementaire, le tiers payant obligatoire en cas d'IVG a aussi été approuvé.
Le déficit de la Sécu plombé
Déjà plombé par des rentrées d'impôts et cotisations moindres ainsi que par des dépenses exponentielles, le déficit de la Sécu se dégrade encore davantage du fait de cette nouvelle enveloppe : 46,6 milliards d'euros cette année et quelque 28 milliards en 2021. Cette ardoise ne tient pas compte des récents couvre-feux décrétés, à ce stade, dans 54 départements et en Polynésie... Si bien que le projet de budget pourrait déjà être caduc.
Le retour à l'équilibre est compromis pour plusieurs années. Particulièrement mal en point, la branche de l'Assurance maladie a prévu de provisionner 4,3 milliards pour les masques, les tests et les arrêts de travail, dont 1,5 milliard pour une campagne de vaccination. Le texte doit maintenant passer devant le Sénat.
[avec AFP]
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