Un tweet de Jean-Luc Mélenchon publié mercredi 15 octobre a lancé une polémique sur les réseaux sociaux. L’élu la France Insoumise a affirmé que "60 % des contaminations (du Covid-19) ont lieu au travail ou à l'école ou à l'université", questionnant ainsi l'utilité d'instaurer un couvre-feu dans plusieurs villes. L'entourage de Jean-Luc Melenchon a affirmé tenir ce chiffre de 60% des "seules données fiables, c'est-à-dire celles concernant les clusters" du point hebdomadaire du 8 octobre de l'agence Sante-Publique France. Dans ce document, l'organisme relève qu'entre le 9 mai et le 5 octobre, 25% des clusters ont été détectés en entreprises et 21,2% dans les établissements scolaires et universitaires, soit un total de 46,2%. Ce total grimpe à 55,3% pour les clusters "en cours d'investigation" (20% pour les entreprises, 35,3% pour les établissements scolaires).
60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l'école ou à l'université entre 8h et 19h.
Mais #Macron interdit les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h.
Bienvenue en Absurdie.#macron20h #CouvreFeu #COVID19france— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 14, 2020
Pour ceux qui veulent faire douter de mes chiffres sur les lieux de contamination : leur source est le tableau de Santé publique France. pic.twitter.com/sXbvAPmaJa
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 16, 2020
Son message a donné lieu à une passe d’arme avec le ministre de la Santé. Sur le même réseau social, Olivier Véran a répondu au député des Bouches-du-Rhône, affirmant qu'il "confond(ait) clusters et diagnostics".
60 % des clusters, ça signifie 10 % des contaminations identifiées. Vous confondez clusters et diagnostics. Dommage de polémiquer à l'heure où nous voulons préserver l'éducation, sauvegarder les emplois, et lutter efficacement contre cette épidémie dans l'intérêt des Français. https://t.co/CWw5JFQpNZ
— Olivier Véran (@olivierveran) October 14, 2020
Selon les épidémiologistes, qui vont dans le même sens que le ministre, le chiffre des 60% est extrapolé. Dans les deux cas des sources citées par Jean-Luc Mélechon, il s'agit bien des types de collectivités les plus représentées sur le territoire, loin devant les "événements publics ou privés" et les "transports" par exemple. Toutefois, "ces foyers ne représentent qu'une toute petite partie des cas", a expliqué jeudi à l'AFP Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave Roussy de Villejuif (Val-de-Marne). "Ce qu'il faudrait faire, c'est étudier tous les cas identifiés, pas seulement les foyers", a-t-elle estimé. Du 9 mai au 5 octobre, "3.207 clusters ont été signalés (95% en métropole) incluant 34.767 cas", écrit Santé Publique France dans le document. Pour autant, "653.509 cas confirmés" ont été comptabilisés par l'organisme depuis janvier. "On a donc une minorité de cas qui sont rattachés à un cluster (...) C'est complexe, la gestion d'une épidémie, et on peut se douter qu'un seul indicateur ne suffit pas pour en saisir la complexité", a fait valoir jeudi sur Twitter le professeur Maxime Gignon, chef du pôle Préventions, Risques, Information Médicale et Épidémiologie du CHU d'Amiens. Pour le directeur de l'agence régionale de santé (ARS) francilienne Aurélien Rousseau, les écoles, universités et entreprises représentent "60% des clusters, mais ces 60%, c'est seulement 10% des contaminations". "On identifie mieux les clusters dans une entreprise, dans une école ou à l'université et, au fond, le fait qu'on en identifie peu dans les bars, ça veut dire qu'on n'arrive pas à trouver, à maîtriser et à passer les messages de prévention", a-t-il expliqué jeudi sur France Inter. "Olivier Véran dit que 10% des contaminations sont originaires des 60% de localisations que j'indique. Se rend-il compte qu'il avoue 90% d'ignorance des sources de contamination ? Terrible échec du traçage", a réagi jeudi Jean-Luc Mélenchon auprès de l'AFP.
En septembre, Santé publique France avait observé que parmi les nouveaux cas positifs détectés, moins d'un sur cinq (19%) était le contact identifié d'un cas déjà connu, signe que la majorité des cas survient "en dehors des chaînes de transmission documentées". "Il n'est pas idiot de penser que les gens se contaminent plus dans les bars et les restaurants que dans les entreprises où l'on porte le masque en permanence", a estimé l'épidémiologiste Catherine Hill. Mais "tant qu'on n'organisera pas un dépistage de masse par test PCR ou antigénique pour trouver rapidement les personnes contagieuses et les isoler, on restera dans cet état de brouillard", a-t-elle ajouté. [avec AFP]
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