Arrêts maladie douteux : les 500.000 euros encaissés par l'anesthésiste de Besançon
Mis en examen en 2017 puis 2019 pour un total de 24 empoisonnements, cet anesthésiste de Besançon est suspecté d'avoir trafiqué les poches d'injection des patients de ses collègues rivaux. Il a été interdit d'exercer dès mars 2017. L'anesthésiste, qui martèle son innocence depuis toujours, avait demandé l'allègement de son contrôle judiciaire, et à pouvoir exercer de nouveau dans le domaine médical, sans contact direct avec les patients. Il voulait notamment renforcer l'équipe des médecins dans un centre de régulation du Samu, à Poitiers pendant le confinement. Sa demande avait été rejetée fin mai. Depuis sa première mise en examen, Frédéric Péchier et ses avocats n'ont jamais manqué de mettre en avant les conséquences financières importantes engendrées par l'affaire sur la vie du médecin : plus d'école privée pour ses enfants, difficultés à payer ses impôts… Or, il apparaît que Frédéric Péchier ne s'est pas trouvé privé de revenus comme il l'a toujours dit : en arrêt maladie depuis 2017 "en raison du retentissement psychologique de l'affaire", précise son avocat, il a longtemps été indemnisé par sa caisse de prévoyance, pour un total avoisinant les 500 000 euros.
L'organisme de prévoyance demande aujourd'hui le remboursement de cette somme par voie d'assignation. La société estime avoir été flouée compte tenu de l'interdiction d'exercer prononcée par la justice "Ce litige relève du droit des contrats, et d'un problème d'interprétation, relativise Me Béthune de Moro, l'avocat du Dr Péchier dans les colonnes du Parisien. Non seulement il n'y avait aucune intention de commettre un abus, mais le fait qu'une procédure judiciaire était en cours a été communiqué à l'organisme. Qui plus est, vu la médiatisation du dossier, personne en France ne pouvait ignorer sa situation !", ajoute-t-il, assurant que "l'assurance maladie n'a jamais contesté son arrêt maladie prolongé pour retentissement psychologique". Des écoutes téléphoniques mettent à mal la défense du Dr Péchier. Le 27 avril 2017, quelques semaines à peine après sa première mise en examen pour sept cas (17 autres ont été ajoutés depuis), il confie à son frère espérer obtenir le statut de témoin assisté − la demande sera finalement rejetée − notamment pour pouvoir travailler. Dans le cas inverse, dit-il, "je me mets en arrêt maladie, je touche ma prévoyance […] Ca me va bien aussi. Moi, 15 000 euros par mois pour faire du jardin, je veux bien […] C'est un bon prix." "J'aimerais savoir dans quelles conditions M. Péchier s'est vu déclarer inapte par un médecin alors qu'il a demandé à plusieurs reprises à pouvoir retravailler", s'interroge pour sa part Me Frédéric Berna, avocat de plusieurs familles de victimes. "Cela ne fait que confirmer la personnalité du Dr Péchier, celle d'un truqueur et d'un tricheur, tacle Me Stéphane Giuranna, avocat de plusieurs autres victimes présumées. Quand il est venu plaider, la main sur le cœur, qu'il n'avait plus aucune rentrée d'argent et ne pouvait pas payer ses impôts, c'est donc qu'il mentait !", s'insurge-t-il. [Avec LeParisien.fr]
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