Alors que le monde est toujours en proie à la pandémie de Covid-19 et que le bilan ne cesse de s'aggraver tous les jours, François Klotz, professeur émérite à l'Ecole du Val de Grâce, pointe la responsabilité de l'information en continue. Voici son texte tel qu'il nous a été transmi. Ce texte a été rédigé par François Klotz, Professeur émérite à l’Ecole du Val de Grâce et ancien titulaire de la chaire de médecine tropicale du service de santé des armées. "Les chaines d’information continue sont dans l’arène depuis l’annonce de l’infection virale extensive qui a envahi le monde. L’information monomaniaque a éradiqué toutes les autres nouvelles de la planète. Les hommes continuent à vivre et à mourir comme par le passé. Les gouvernants tétanisés par le développement de l’épidémie ont arrêté à l’unisson l’économie de leurs pays, demandant à leur population de s’enfermer pour éviter le débordement de leurs moyens de réaction à la crise. La médiatisation à l’instant T de toute nouvelle et la diffusion inévitable de fausses nouvelles est délétère dans ce palabre permanent de journalistes de qualité diverse, interrogeant de manière forcenée des experts parfois contestables, dont un certain nombre sont en mal d’image tout en ayant dépassé l’âge de la retraite. La surenchère opportuniste attise le climat d’angoisse collective qui a été instauré par les autorités pour obtenir le confinement de la population. Les medias en ont tiré partie pour augmenter leur audimat dans un discours monomaniaque et litanique où l’homme le plus raisonnable se perd et s’en inquiète. Toutes autres nouvelles du monde ont disparu où sont passées en annexe.
Nous sommes dans la viciation caractérisée de l’information moderne qui ne sait pas faire la part des choses et répète inlassablement des messages anxiogènes sur une pathologie infectieuse nouvelle que l’on découvre tous les jours dans son expression clinique et immunitaire. La diversité épidémiologique est intrigante et les différences régionales d’agressivité de...
l’infection virale ne répondent pas forcément à un traitement différent des mesures barrières ou du confinement. L’histoire immunitaire de chacun garde ses secrets et ceux qui sont candidats à l’orage immunitaire libérateur de cytokines mortifères, ne sont pas toujours connus d’avance. Le monde occidentalisé parait payer le plus lourd tribut à l’infection malgré tous les moyens mis en œuvre pour contenir la vague. A contrario les pays pauvres ou très pauvres qui n’auraient pas les moyens de prendre en charge un grand nombre de malades paraissent relativement protégés par la vague épidémique ! L’hypothèse la plus plausible mais bien difficile à vérifier est le contact de ces populations africaines ou asiatiques pauvres avec une multitude d’agents pathogènes ; dont nombre de virus, dès la prime enfance. Cette richesse en anticorps variés serait-elle une prémunition naturelle contre de telles épidémies ? Un heureux présage ! Cette épidémie fera bien sur beaucoup moins de morts que les grandes épidémies des siècles passés, mais elle pourrait indirectement accentuer la morbidité et la mortalité des plus pauvres et des plus fragiles, par les conséquences du tsunami créé par l’arrêt de l’économie mondiale qui redémarrera doucement en laissant beaucoup de monde sur le quai !
L’information en continue pour des populations sans culture médicale ou scientifique est dangereuse et anxiogène, prenant en otage des individus qui n’ont pas les moyens pour discriminer et relativiser. Nous avons eu l’impression de tomber dans un monde « orwellien » où le grand ordonnateur de « 1984 » paraissait s’agiter derrière les restrictions de la vie privée, les oukases, les menaces et le tracking des nouveaux « pestiférés ». Transmettre la connaissance est un beau métier et nous qui transmettons la connaissance scientifique en sommes intimement persuadés. Transmettre l’information générale devrait être exaltant, mais le matraquage de nouvelles incertaines, non vérifiées ou non vérifiables est anxiogène et peut confiner au terrorisme des médias. Souhaitons que nos organes de presse en tirent les leçons !"
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