"Nous ne pourrons réussir qu’avec l’appui des médecins libéraux" : ce qu’il faut retenir du plan de déconfinement

28/04/2020 Par Marion Jort
Devant les députés à l’Assemblée nationale ce mardi 28 avril, le Premier ministre a présenté le plan de déconfinement du Gouvernement qui a pour objectif de limiter tout risque de contamination. Un déconfinement qui ne pourra se faire sans les médecins libéraux, “en première ligne”, a-t-il affirmé.  Dans la foulée, ce plan a été approuvé à 386 voix pour. 

 

"Il va falloir apprendre à vivre avec le virus" : voici comment le Premier ministre, Edouard Philippe, a débuté son allocution ce mardi 28 avril à l’Assemblée nationale sur les modalités du déconfinement. "Si tout est prêt le 11 mai, a-t-il souligné, alors commencera une phase qui durera jusqu'au 2 juin. Elle permettra de vérifier que les mesures mises en œuvre permettent de maîtriser l'épidémie. Et d'apprécier, en fonction de son évolution, les mesures à prendre pour la phase suivante qui débutera ce 2 juin et qui ira jusqu'à l'été." 

La première étape passée, une nouvelle période s’ouvrira le 2 juin pour trois semaines, avec de nouvelles mesures qui dépendront du niveau de l'épidémie. "Je donne rendez-vous aux Français à la fin du mois de mai pour évaluer les conditions dans lesquelles nous organiserons une nouvelle phase de déconfinement, et prendrons en particulier des décisions sur l'organisation des cafés, des restaurants, des vacances […] C’est en gravissant des marches de trois semaines que nous allons avancer”, a indiqué le Premier ministre.

Mais attention, “si le nombre de cas journaliers n’est pas dans la fourchette de ce qui est attendu avant le 11 mai, alors il faudra en tirer les conséquences”, a prévenu le Premier ministre. “Si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai", a-t-il expliqué, ou alors "plus strictement". 

Le Premier ministre a également rappelé la place des professionnels de santé libéraux dans le cadre de ce déconfinement. “Ne ne pourrons réussir que... grâce à la mobilisation des professionnels de santé libéraux, notamment médecins généralistes et infirmiers libéraux. Ils constitueront, d’une certaine manière, la première ligne dans cette recherche des cas contact pour tout ce qui concerne la cellule familiale. Je sais qu’ils peuvent se mobiliser pour cette mission et nous les accompagnerons pour cela”, a également affirmé Edouard Philippe sans donner plus de détail. “En appuie, les équipes de l’Assurance maladie assureront la démultiplication de cette démarche d’identification des cas contacts au-delà de la cellule familiale”. 

 

Masques 

"Il y aura assez de masques dans le pays pour faire face aux besoins à partir du 11 mai", a déclaré le Premier ministre, avec "près de 100 millions de masques chirurgicaux" reçus par semaine et "près de 20 millions de masques grand public lavables". Entreprises et collectivités devront aussi "équiper leurs salariés". L'Etat prendra en charge 50% du coût des masques achetés par les collectivités "dans la limite d'un prix de référence", et les régions et l'Etat mettront en place "un appui au TPE et aux travailleurs indépendants".  

Les préfets disposeront d'une "enveloppe locale pour soutenir les plus petites collectivités". Les personnels de l'éducation et les élèves des collèges recevront également des masques. "Une plateforme de e-commerce sera mise en place par la Poste à compter du 30 avril et distribuera à ceux qui en ont besoin chaque semaine plusieurs millions de masques grand public". "Une enveloppe hebdomadaire de 5 millions de masques lavables" permettra aux préfets d'organiser "la distribution de masques à nos concitoyens les plus précaires". 

 

Tests 

Le Premier ministre veut faire tester massivement les personnes présentant des symptômes du Covid-19, grâce à "au moins 700.000 tests virologiques par semaine au 11 mai". "Dès lors qu'une personne aura été testée positive, nous engagerons un travail d'identification et le test de tous ceux, symptomatiques ou non, qui auront eu un contact rapproché avec elle", et qui seront à leur tour "testés" et "invités à s'isoler". 

Dans chaque département, "des brigades" seront chargées d'identifier les cas contacts, "de les inviter à se faire tester" puis de "vérifier que ces tests ont bien eu lieu". Les tests seront pris en charge...

à 100% par l’Assurance maladie.  

 

Confinement "au choix" pour les personnes âgées  Le gouvernement va demander aux personnes âgées de "continuer à se protéger" après le 11 mai, en limitant leurs contacts et leurs sorties, a déclaré le Premier ministre, précisant que cette recommandation ne ferait pas l'objet de contrôle. "Nous demanderons à nos aînés de continuer à se protéger. Il faut  qu'ils respectent des règles similaires à la période de confinement, (...) en limitant leurs contacts, et donc leurs sorties", a dit le chef du gouvernement, leur demandant "de la patience", devant l'Assemblée nationale. "En vous protégeant, vous protégez le système hospitalier", a-t-il ajouté. Ces recommandations ont vocation à être mises en oeuvre suivant un "principe de confiance et de responsabilité" : "il n'y aura pas de contrôle, pas d'attestation de sortie pour les plus âgés d'entre nous", a précisé Edouard Philippe. "Les visites privées, quand elles reprennent, doivent être entourées de précautions, comme les sorties", a-t-il encore fait valoir.

 

Isolement 

Les personnes testées positives seront invitées à s'isoler soit chez elles, ce qui entraînera le confinement de tout le foyer pendant 14 jours, ou dans un lieu mis à disposition, notamment des hôtels réquisitionnés. Le Gouvernement prévoit "des dispositifs de contrôle, s'ils devaient être nécessaires, mais notre objectif est de nous reposer largement sur le civisme de chacun".  

 

Traçage  

Le Premier ministre a reconnu que les questions autour de l'application StopCovid, notamment "en termes de libertés" étaient "fondées", mais le débat "prématuré", compte tenu des incertitudes sur cette application. "Lorsque l'application en cours de développement fonctionnera et avant sa mise en œuvre, nous organiserons un débat spécifique, suivi d'un vote spécifique." 

 

Adaptation locale 

Le déconfinement sera différencié le 11 mai entre les départements "verts", où il sera appliqué largement, et "rouges", où il prendra une forme plus stricte. Les départements "rouges" seront soit ceux qui auront un "taux de cas nouveaux dans la population sur une période de sept jours, [qui] reste élevé", soit ceux qui ont "des capacités hospitalières régionales en réanimation [...] tendues", soit ceux qui ont un "système local de...

tests et de détection des cas contacts pas suffisamment prêt".  

 

Education  

Les maternelles et écoles primaires rouvriront très progressivement à partir du 11 mai sur la base du volontariat. Les collèges rouvriront progressivement à partir du 18 mai, en commençant par les classes de 6e et 5e, mais uniquement dans les départements peu touchés par la maladie. Le port du masque sera obligatoire pour les professeurs et les collégiens. Les lycées en revanche resteront fermés. Une décision sera prise fin mai sur leur réouverture ou non en juin, en commençant par les lycées professionnels. 

 

Commerces  

Tous les commerces, sauf les cafés et restaurants, pourront rouvrir à compter du 11 mai mais avec des mesures de protection sanitaire, notamment le port du masque, recommandé pour le personnel et les clients si la distanciation est impossible. Les préfets pourront néanmoins maintenir fermés les centres commerciaux de plus de 40.000 m2. Le Gouvernement prendra une décision sur les bars, cafés et restaurants fin mai, pour décider s'ils peuvent ouvrir après le 2 juin.  

 

Transports et déplacements  

Il sera possible de circuler sans attestation à partir du 11 mai jusqu'à 100 km du domicile. Les déplacements plus lointains ne seront possibles que pour "un motif impérieux, familial ou professionnel". Le port du masque sera obligatoire pour tous les passagers dans les transports publics pendant les trois semaines suivant le 11 mai. La capacité des transports publics va également être drastiquement réduite pendant au moins les trois semaines suivant la fin du confinement le 11 mai, afin de respecter la distanciation sociale. "Cela veut dire, par exemple, que la capacité du métro parisien sera […] drastiquement réduite par rapport à sa capacité normale. Qu'il faudra […] condamner...

un siège sur deux, favoriser, par des marquages au sol, la bonne répartition sur les quais, se préparer à limiter les flux en cas d'affluence." 

 A partir du 11 mai, les déplacements interdépartementaux ou interrégionaux seront réduits "aux seuls motifs professionnels ou familiaux impérieux, pour des raisons évidentes de limitation de la circulation du virus". "Nous allons continuer à réduire l'offre, à exiger une réservation obligatoire dans tous les trains -TGV ou non-, à décourager les déplacements entre départements", a-t-il dit, précisant notamment que les Français ne devront pas quitter leur département lors du pont de l'Ascension. 

 

Rassemblement 

Les rassemblements organisés sur la voie publique ou dans des lieux privés seront limités à dix personnes, à partir du 11 mai pour le début du déconfinement progressif. 

 

Loisirs et sport 

La saison 2019-2020 de football et des autres sports professionnels ne reprendra pas. Les parcs et jardins ne pourront ouvrir que dans les départements "verts". Les plages resteront inaccessibles au public au moins jusqu'au 1er juin. Les médiathèques, les bibliothèques et petits musées "pourront rouvrir leurs portes dès le 11 mai", mais pas les grands musées, les cinémas, les théâtres et les salles de concert, ni "les salles des fêtes, les salles polyvalentes qui resteront fermées jusqu'au 1er juin". Les grandes manifestations sportives, culturelles, notamment les festivals, les grands salons professionnels, tous les évènements qui regroupent plus de 5.000 participants "ne pourront se tenir avant le mois de septembre".  

  Ce mardi 28 avril, l'Assemblée nationale a donc validé par 368 voix contre 100, et 103 abstentions, le plan de déconfinement présenté mardi par le Premier ministre. La plupart des députés de gauche ont voté contre, ceux de droite se sont majoritairement abstenus. Les élus RN dont Marine Le Pen ont voté contre, lors de ce scrutin qui n'était pas obligatoire mais a été décidé par le gouvernement après des demandes répétées des oppositions.

[avec AFP] 

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