Le 30 août 1999, Yves Godard, médecin acupuncteur et marin confirmé quitte son domicile près de Caen avec sa famille pour embarquer sur un voilier, le “Nick”, loué à son nom à Saint-Malo. Des témoins se rappellent alors de l’avoir vu avec ses deux enfants mais personne ne se souvient d’avoir vu sa femme, Marie France, secrétaire de cabinet, monter à bord. Le lendemain de leur départ, ils sont contrôlés en mer par des douaniers qui constatent la présence des enfants sans leur mère. Ils sont les derniers à avoir vu la famille Godard. Le 5 septembre, le canot pneumatique de leur embarcation est retrouvé par hasard par un chalutier au large de l’Île de Batz. Il semble abandonné. Sans nouvelles de la famille, les forces de l’ordre donnent l’alerte. Le 9 septembre, des traces de sang appartenant à Marie-France sont découvertes dans le véhicule et au domicile familial. Une information judiciaire est ouverte contre Yves Godard pour homicide volontaire sur son épouse, suivi par un mandat d’arrêt international. Commence alors une série d’apparitions mystérieuse d’indices au fil des mois. Le 16 septembre, des plaisanciers découvrent un gilet de sauvetage du “Nick” au large des îles anglo-normandes de Guernesey et d'Aurigny. Une semaine après, c’est le canot de survie du bateau qui est retrouvé. Début octobre, les enquêteurs reçoivent des lettres anonymes d’un corbeau qui affirme que le docteur se trouve en Ecosse, sur l’Île de Lewis. Propos confirmés par un hôtelier de l’Île de Man qui certifie que le Dr Godard et ses enfants ont séjourné chez lui. Les témoignages se multiplient, en vain.
Tout s’accélère le 6 juin 2000 lorsque des pêcheurs retrouvent deux crânes dans la baie de Saint-Brieuc. L’un deux retombe dans la mer, mais celui ramené à terre est celui de la petite fille des Godard, Camille. Entre février et juillet 2001, de nouveaux indices apparaissent : des promeneurs trouvent des cartes du docteur échouées sur la plage de l’Île de Ebihens. Fait étrange : l’analyse des enquêteurs prouve que ces cartes ont été déposées récemment sur le sable et qu’elles sont intactes. L’enquête sur la disparition de la famille Godard stagne pendant 5 ans, jusqu’au mois de septembre 2006. Des ossements sont découverts par un chalutier... il s’agit du tibia et du fémur d’Yves Godard. Le docteur est présumé mort, mais sa carte d’assuré sociale réapparaît deux ans plus tard, en 2008. Ces découvertes entraînent de nombreuses théories, toutes vérifiées par les enquêteurs. A t-il tué sa femme ? Est-ce un grave accident ? Un suicide collectif ? Un meurtre ? Dans les années 1990, Yves Godard était un membre actif de la CDCA (Confédération de défense des commerçants et des artisans), un syndicat qui militait contre le monopole de la sécurité sociale. Son président, Christian Poucet avait été abattu en 2001 dans l’Hérault et était un proche d’Yves Godard. Vingt ans après, le doute subsiste. En septembre 2012, après treize ans d’enquête, le juge d’instruction de Saint-Malo chargé du dossier a rendu une ordonnance de non-lieu. En février 2016, le tribunal de Caen a publié les “déclarations d’absence” de Marius et de Marie-France, le fils et l’épouse du docteur Godard dont les corps n’ont jamais été retrouvés. [Avec France Bleu]
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