Contre l'avis des dermatologues, les esthéticiennes bientôt autorisées à épiler par lumière pulsée
"Il ne faut pas laisser des actes médicaux entre les mains de personnes qui ne sont pas formées pour ça", alerte le Dr Luc Sulimovic, président du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV), en réaction à un projet d'arrêté du ministère de la Santé. La pratique de l'épilation est encadrée par un arrêté de 1962 qui prévoit que "tout mode d'épilation est un acte médical, sauf l'épilation à la pince ou à la cire". Mais depuis une dizaine d'années, de nombreux centres de beauté ont développé une offre d'épilation à la lumière pulsée. Et ce malgré les plaintes pour exercice illégal de la médecine déposées par le SNDV et les condamnations qui ont suivi. En décembre 2016, la Cour de cassation avait donné raison aux médecins, en rejetant les pourvois de deux sociétés exploitant des centres de beauté contre un jugement leur interdisant la pratique. Elles avaient notamment fustigé les intérêts économiques des médecins. Selon le texte consulté par l'AFP, le ministère de la Santé s'apprête à ajouter la "lumière pulsée intense" aux techniques d'épilation autorisées hors des cabinets médicaux. L'épilation par lumière pulsée, ou lampes flash, consiste à envoyer un faisceau concentré de lumière dont la chaleur détruit le bulbe du poil afin de le faire tomber. Les appareils utilisés professionnellement diffèrent de ceux vendus au grand public, dont la puissance est limitée à un niveau beaucoup plus faible. Ils se distinguent aussi de l'épilation au laser, qui envoie une lumière sur une seule longueur d'ondes et est pratiquée uniquement par les dermatologues. Les esthéticiennes seront donc bientôt officiellement autorisées à pratiquer l'épilation par lumière pulsée, une décision dénoncée par les dermatologues qui jugent que l'utilisation de ces appareils par des non-médecins fait courir des risques aux patients. "Les technologies fondées sur la lumière, qu'elles soient utilisées à des fins médicales ou esthétiques, ont des actions thérapeutiques en profondeur sur les cellules et les tissus", plaide le syndicat. "A ce titre, un diagnostic doit être posé avant toute utilisation d'un appareil à rayonnement optique et doit rester dans un cadre médical", ajoute le SNDV. Selon le Dr Sulimovic, l'utilisation de cette technique en institut représente un risque de "retard de diagnostic", car un œil "non médecin" ne sera capable de déceler un mélanome ou une hyperpilosité liée à une maladie endocrinienne. Il souligne également "les contradictions" du texte que le ministère leur a soumis pour avis, puisque les infirmières ne pourraient utiliser le dispositif que sous la supervision d'un médecin, en dépit de leur "formation médicale substantielle", ce qui n'est pas le cas des esthéticiennes. [avec AFP]
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