Le personnel hospitalier en première ligne des manifestations contre la réforme de la fonction publique

09/05/2019 Par Adeline Farge
Marseille, Lyon, Nice, Saint-Nazaire, Paris… Dans plusieurs villes de France, les organisations syndicales ont appelé le jeudi 9 mai à une journée d'action dans la fonction publique pour protester contre le projet de réforme gouvernementale de la fonction publique, dont la discussion et le vote sont prévus cet été.

Après les traditionnels défilés du 1er mai, les syndicats ont appelé les fonctionnaires à battre le pavé et à faire grève. Aux quatre coins de la France, près de 150 manifestations ont été organisées le jeudi 9 mai pour protester contre le projet de loi censé moderniser le statut des agents de la fonction publique, qui sera présenté en première lecture à l'Assemblée à partir du 13 mai. Objectif du gouvernement, qui souhaite faire adopter ce texte avant l'été pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2020 : parvenir à supprimer 120 000 postes d'ici 2022 mais aussi faciliter le recours aux contractuels. Les neuf syndicats de la fonction publique (CGT, CFDT, FO, FSU, Solidaires, UNSA, FA-FP, CFE-CGC, CFTC) dénoncent en chœur une réforme à "la portée très grave", tant pour les agents que pour l'avenir des services publics. Entre 150 et 200 000 manifestants selon la CGT Selon les chiffres de la CGT, entre 150 et 200 000 fonctionnaires ont participé au mouvement. En bonne place dans les cortèges, le personnel des hôpitaux publics. "La mobilisation est forte dans les établissements hospitaliers qui sont agressés à la fois par le projet de loi sur la fonction publique et la loi santé 2022", déclare Patrick Bourdillon, de la CGT Santé / Action sociale. "Ces réformes vont impacter et dégrader les conditions de travail des agents. Ils se verront imposés des mobilités en raison des fusions d'établissements et n'auront plus accès à des contrats de travail pérennes, ce qui risque de causer des problèmes éthiques puisque les soignants n'auront plus les moyens de défendre leurs pratiques professionnelles."

Une colère partagée par Emmanuel Dubourg, secrétaire général FO du CHU d'Angers, où le service de stérilisation puis celui des urgences ont été en grève ces dernières semaines pour réclamer une indemnité de première catégorie et des recrutements supplémentaires. "Le projet de loi santé va détruire les services publics. Les personnels des établissements publics de santé sont considérés comme des variables d'ajustement. Pour réaliser des économies, les arrêts de travail ne sont plus remplacés". Grève illimitée dans 18 hôpitaux de l'AP-HP La CGT Santé / Action sociale a déposé fin avril avec Sud Santé un préavis de grève nationale reconductible "spécifique aux services d'urgence et au Samu". Depuis plusieurs semaines, des mouvements de grève essaiment dans les services d'accueil des urgences, que ce soit à Nantes, Strasbourg, Lyon, Saint-Nazaire mais surtout à l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) où les soignants réclament plus de moyens pour faire face à l'engorgement des services.

Entamée mi-avril, la "grève illimitée" dans les services d'accueil des urgences de l'AP-HP touchait encore cette semaine 18 hôpitaux, selon la CGT qui a appelé " l'ensemble des personnels à maintenir et étendre la mobilisation jusqu'à satisfaction des revendications ". "Avec la désertification médicale, nous avons depuis des années une augmentation continue du nombre de patients à prendre en charge aux urgences sans que les moyens suivent. Les services sont saturés ", dénonce Patrick Bourdillon.

Au centre des revendications des agents figurent notamment "des effectifs supplémentaires, sur la base d'un référentiel professionnel élaboré par des médecins", une revalorisation des salaires de l'ordre de 300 euros net par mois pour chacun des agents et une amélioration des conditions de travail. En réponse, la direction a mis sur la table 61 postes à répartir entre les services, une prime mensuelle de 65 euros et un versement exceptionnel de 250 euros sous la forme d'un "forfait d'heures supplémentaires".

Trop peu pour la CGT, qui « estime ne pas avoir été entendue » sur la question des effectifs et « dénonce les négociations locales précipitées qui se déroulent actuellement dans certains hôpitaux », rapporte Le Figaro. Le Premier syndicat de l'AP-HP y voit « une stratégie dont l'unique but est d'éteindre la mobilisation et diviser le mouvement ». Pour l'heure, les discussions n'ont abouti qu'à un seul accord en cours de signature à l'hôpital Cochin, avec notamment six postes d'infirmiers et d'aides-soignants, la prime mensuelle et le "forfait exceptionnel". "Un tour de force" dont s'est félicitée la CGT locale le 30 avril, revendiquant cette "liste d'acquis concrète".  [Avec Le Figaro  et Le Monde]

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