Contre la réforme de la tarification, les ambulanciers ne décrochent pas

19/11/2018 Par Catherine le Borgne
Paramédicaux

Plusieurs dizaines d'ambulanciers se sont rassemblés vendredi à Paris pour réclamer la suspension d'une réforme du financement des transports sanitaires qui met les petites et moyennes entreprises du secteur "à la merci" des hôpitaux.

A deux jours de la manifestation des "gilets jaunes" et une semaine après leur mobilisation nationale, une cinquantaine d'ambulanciers étaient stationnés au lever du jour derrière les Invalides, sans bloquer la circulation, contrairement à leurs précédentes actions sur le périphérique parisien début novembre. Leur revendication n'a cependant pas changé : "On demande la suspension de l'article 80" du budget de la Sécurité sociale pour 2018, a expliqué à l'AFP Rachid Soukhmani, président de l'Association pour la défense des transporteurs sanitaires (ADTS), à l'origine du mouvement. Cette mesure, entrée en vigueur le 1er octobre, a renversé les règles des transports entre établissements de santé : désormais, hôpitaux et cliniques choisissent leurs ambulances par appel d'offres et en assument directement le coût. Mais, à la date prévue, "aucun établissement (de santé) n'était préparé" et aujourd'hui certains d'entre eux "sont dans l'illégalité" en exigeant des ristournes sur les transports non concernés par la réforme, affirme Rachid Soukhmani, patron de trois sociétés d'ambulances en Île-de-France. "On est à leur merci. C'est soit ça, soit on ne travaille pas", résume-t-il, ajoutant que, sur les 5.500 entreprises du secteur, "80% sont petites ou moyennes" et se retrouvent "en danger imminent". Dans le même temps, "les grands groupes font du dumping" et acceptent "des remises jusqu'à 40%" sur lesquelles "on ne peut pas s'aligner", ajoute-t-il. Reprochant aux quatre fédérations représentatives de la profession de n'avoir "pas su nous avertir alors que c'était leur rôle", Rachid Soukhmani assure qu'"il y a une colère des ambulanciers". Et prévient : "On n'a plus rien à perdre, on est obligés d'aller au bout". Reçu au ministère de la Santé en milieu de journée, le président de l'ADTS en est ressorti sans avoir obtenu satisfaction. "La position de l'Etat reste la même. On nous a expliqué qu'on pouvait juste travailler sur l'interprétation de l'article 80", a-t-il indiqué. Espérant encore faire basculer le rapport de force, il envisage d'"organiser un mouvement de plus grande ampleur" avant la fin de l'année. [Avec l'AFP]  

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