Au 1er janvier 2018, la Drees recensait 226.000 médecins en activité. Le relèvement du numerus clausus a porté ses fruits : c'est 4.5% de plus qu'en 2012. Les déserts médicaux ne seraient donc qu'un mirage ? Loin de là : cette hausse globale cache une forte baisse du nombre de généralistes libéraux installés. Et la tendance, influencée par les choix d'exercice des nouvelles générations, n'est pas près de s'inverser.
"D'un côté, nous avons 10.000 médecins de plus, de l'autre -3.5% de médecins généralistes installés en libéral", schématise Jean-Marc Aubert, directeur de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), qui présentait ce matin les tout derniers chiffres de la démographie médicale : ceux du répertoire partagé des professionnels de santé (RPPS), arrêtés au 1er janvier 2018.
Comment l'expliquer ? La France compte près de 10.000 médecins en activité (activité régulière, cumul emploi-retraite ou remplacements) de plus par rapport à 2012. Mais cette hausse de 4.5% est "différenciée". Elle s'est portée essentiellement sur le salariat (+11.1%), tandis que le nombre de libéraux est resté stable (+0.04%). De même, si le nombre de spécialistes hors médecine générale* a augmenté de 7.8% sur la période, celui des généralistes a stagné (+0.7%). Résultat : une baisse de 2% du nombre de généralistes libéraux. Et là encore, ce chiffre est à nuancer. Car parmi les généralistes libéraux, la part des remplaçants a augmenté de 1.5 point. Ce qui fait encore baisser le nombre d'installés. "Effet générationnel" En 2016 déjà, 8.6% de la population, soit près 5.7 millions de personnes, vivaient dans une commune sous-dense en médecins généralistes (9142 communes). D'après l'indicateur APL (accessibilité potentielle localisée), qui tient compte de la disponibilité de l'offre médicale, des besoins de soin de la population et de ses déplacements, ces Français n'avaient accès qu'à 2.5 consultations de MG par an en moyenne, contre 4.1 sur le plan national. Les 10% des personnes les mieux loties avaient une accessibilité égale à 5.7 consultations par an et par habitant. "Cela place les généralistes au même niveau que les pharmacies, dont l'installation est pourtant régulée", relève la Drees… qui se garde bien d'en tirer des conclusions. Les données montrent par ailleurs que les inégalités interdépartementales de densité de MG n'ont pas évolué depuis 1983. La tendance n'est pas près de s'inverser pour les généralistes installés "Ça va continuer à légèrement décroître", résume Jean-Marc Aubert. D'abord parce que 30% des médecins actifs ont au moins 60 ans et ensuite parce que les nouveaux diplômés se tournent résolument vers le salariat : 63% des 8600 médecins nouvellement inscrits à l'Ordre en 2017 ont opté pour ce mode d'exercice (contre 43% des médecins déjà en activité). De plus, "ceux qui commencent leur activité en tant que libéraux ou en ayant un exercice mixte travaillent pour les deux tiers d'entre eux comme remplaçants", ajoute la Drees. Contre 1 sur 9 pour les médecins déjà en activité. Faut-il y voir les effets de la féminisation de la profession ? 59% des nouveaux inscrits à l'Ordre sont en effet des femmes, contre 46% des médecins déjà en exercice. "Moins représentées parmi les libéraux (38%), elles sont tout de même plus nombreuses que leurs confrères masculins parmi ceux qui ont moins de 50 ans", note la Drees. Mais pour les statisticiens, l'évolution du temps de travail "tient plus à un effet générationnel" qu'à la féminisation.
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