C’est l’équation de ce début de siècle : comment faire plus avec moins. Entendre : comment parvenir à prendre en charge une France vieillissante, atteinte, la plupart du temps, de pathologies chroniques, avec une population de médecins généralistes mal répartie. Et accusant de plus un violent creux démographique dont on ne verra l’issue que dans une bonne dizaine d’années. Deux exemples illustrent cette problématique : le "dynamisme" quasi incontrôlé du secteur des transports sanitaires, qui caracole sur une pente de +4,2 % en un an, alors que l’objectif d’évolution des dépenses voté par le Parlement est de +2,1 %. Un secteur où 60 % des personnes transportées sont en ALD et représentent 80 % des dépenses, qui ont bondi de 71 % entre 2003 et 2014. Seconde illustration, corollaire parfait de la première : la mise en place de la télémédecine, technique qui devrait contribuer à désenclaver des patients orphelins de médecins, tant généralistes que spécialistes. Autant de malades souvent contraints de recourir aux transports sanitaires pour consulter une blouse blanche, alors que de plus en plus de médecins croulent sous la charge, au fur et à mesure des départs à la retraite. La boucle est bouclée. Le "mix" théorique de ces deux problématiques semble idéal pour déboucher sur le nouveau monde. Sauf que les transports sanitaires et ses dizaines de milliers d’emplois forment un secteur potentiellement explosif. Alors qu’en face
les médecins jugent bien insuffisante la somme mise sur la table par l’assurance maladie pour se lancer dans la télémédecine. Telle est la vraie vie. Encore accrochée aux pesanteurs du vieux monde, la e-santé reste à conquérir.
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