C'est une "transition nécessaire et complexe du métier à mettre en œuvre (…) la plus grande mutation que la médecine générale ait jamais connue", expliquait face à la presse Luc Duquesnel, mercredi matin, aux côtés du Dr. Julie Mazet, secrétaire générale. Dans un contexte de vieillissement de la population, de chronicisation de leurs pathologies et de raréfaction de la population médicale, l'urgence est à la réorganisation de la profession, à partir des territoires, autour de l'exercice coordonné et regroupé. "Un mouvement inéluctable et de plus en plus rapide est en marche," constate le syndicaliste. Mouvement qui inquiète les plus anciens, mais intéresse les jeunes, lesquels accueillent sans réticences l'exercice pluriprofessionnel, les délégations de tâches ou les données issues des objets connectés. Selon le projet des Généralistes de la CSMF*, le médecin traitant est le chef d'orchestre du parcours de santé du patient, l'exercice coordonné devient incontournable, la prévention occupe une place majeure. Il s'inscrit dans le cadre juridique de la nouvelle organisation territoriale issue de la loi de Santé. Laquelle "doit faciliter la coordination par la proximité qu'elle crée, entre les professionnels de santé du premier recours (maisons de santé pluridisciplinaires (MSP), équipes de soins primaires (ESP)), entre les professionnels de santé du 1er et du 2ème recours et les autres acteurs au sein des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). La présence des spécialistes du 2ème recours au sein des MSP est un facteur favorisant la coopération". "Ces organisations territoriales nécessitent des financements dédiés dans le cadre d'un forfait structure", estiment les généralistes de la CSMF. La vie professionnelle doit être "facilitée", tant dans son accès que dans son exercice avec accès progressif à l'exercice libéral, temps partiel, exercice mixte, salariat entre médecins, guichets uniques à l'installation notamment. Le regroupement des médecins généralistes doit aussi être favorisé autour d'un projet de santé territorial, des regroupements qui peuvent être physiques ou virtuels. Pour les Généralistes de la CSMF, les équipes de soins primaires doivent être la base du maillage territorial ; les spécialistes en médecine générale ont à participer avec les ARS au diagnostic et à la conduite des actions, aux diagnostics de territoires élaborés (équipes de soins primaires, communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), plateformes territoriales d'appui (PTA). Le syndicat revendique, pour les médecins généralistes, de pouvoir disposer d'un secrétariat et de développer la délégation de tâches en valorisant le travail du médecin, et dans le respect des décrets de compétence de chaque profession concernée. Les nouveaux métiers doivent s'exercer "sous la responsabilité du médecin généraliste." Ils peuvent prendre différentes formes : celle d'un assistanat médical qui prend en charge certaines tâches jusqu'ici assumées par le médecin. Ou celle d'une infirmière de pratiques avancées, exerçant sous protocoles et assumant le suivi des patients atteints de pathologies chroniques non compliquées à la demande du médecin traitant. Cet exercice coordonné mis en place dans les MSP, CPTS et PTA nécessite des outils de coordination, messagerie de santé sécurisée, DMP. Puisqu'il est question de préparer à devoir absorber des dizaines de milliers de patients supplémentaires, à la faveur des milliers de départs en retraites prochains de médecins, le syndicat demande que l'on facilite encore plus l'exercice des médecins retraités, jusqu'à supprimer la cotisation CARMF ou leur permettre de gagner des points lorsqu'ils poursuivent leur exercice. Le syndicat est partisan la télémédecine, à condition que celle-ci ne remette pas en cause le rôle du médecin traitant dans le parcours de soins et qu'elle soit à coût zéro pour le généraliste, et en paiement à l'acte. Les généralistes de la CSMF sont également favorables à une mixité des lieux et des modes d'exercice, mais aussi des modes de rémunération tout en restant attaché au paiement à l'acte et à une hiérarchisation en fonction de son contenu et de sa complexité. Il se dit ouvert à une expérimentation de forfait à la pathologie, à l'épisode de soins, au parcours de soins, aux missions collectives ou territoriales, à la pertinence et à la qualité. "Il faut expérimenter", insistait le Dr Duquesnel en évoquant l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale 2018. Très attachés à une convention nationale, les généralistes confédéraux prônent l'idée de déclinaisons régionales décidées en national, et en matière de liberté tarifaire, promeuvent l'OPTAM pour tous, y compris pour les secteur 1, dès lors que le praticien a satisfait à un mécanisme d'évaluation de la pratique professionnelle géré par la profession. Refusant l'idée d'une convention individuelle des praticiens avec les organismes de protection complémentaires, le syndicat demande une négociation nationale avec l'Unocam, dans le cas d'un accord conventionnel avec l'assurance maladie complémentaire, comme pour la prévention par exemple. "Le financement des syndicats ne doit plus être autant dépendant de leur signature de la convention médicale", relève le syndicat du Dr Duquesnel. A cette négociation conventionnelle nationale, les représentants des jeunes étudiants ou praticiens pourraient participer "en tant qu'observateurs", aux côtés de syndicats représentatifs. En national comme en région, dans les CPR, les syndicats représentatifs doivent être les partenaires exclusifs des caisses, les UPRS l'étant pour les ARS, souligne le syndicat. *Ce projet se compose de 7 axes :
- Le rôle du spécialiste en médecine générale
- L’exercice libéral de la médecine générale
- La formation des spécialistes en médecine générale
- Les médecins à exercice particulier
- La rémunération du spécialiste en médecine générale libéral
- Les relations avec les organismes payeurs
Quelles organisations représentatives pour les médecins ?
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