Mayotte : deux décès liés aux difficultés d'accès à l'hôpital, s'alarme un médecin
Un nourrisson et un homme sont décédés à Mayotte ces dernières heures, faute d'avoir pu accéder rapidement à l'hôpital. Un médecin met en cause les blocages de l'île dans ces décès.
Alors que Mayotte est toujours paralysée par un mouvement de grève de grande ampleur, un médecin du centre hospitalier de l'île met en cause les barrages dans deux décès récents. Dans la nuit de lundi à mardi, un bébé de quatre mois est décédé des suites d’une bronchiolite à l’hôpital périphérique de Dzoumogné. "La maman a dit que ça faisait plusieurs jours qu’elle n’osait pas venir au dispensaire car elle risquait d’être refoulée au barrage [...] Elle avait peur de se faire molester", du fait de sa présence en situation irrégulière à Mayotte, rapporte le Dr Philippe Durasnel, vice-président de la CME. Ambulance retardée Une autre source médicale confirme anonymement dans la presse locale le décès du nourrisson "en raison de l’impossibilité de le ramener aux urgences de Mamoudzou à cause des barrages". Par ailleurs, ce lundi, une ambulance a été retardée plusieurs minutes sur un barrage. Elle transportait une personne victime d’un AVC. "L'homme est décédé à son arrivée aux urgences", indique de son côté la préfecture, par voie de communiqué. Pour le Dr Durasnel, il n’y a "pas de doute [...] Le décès est en rapport avec le retard de prise en charge". De son côté, l’intersyndicale "refuse cette responsabilité". "L’ambulance a passé le barrage très rapidement (…) Je n’accepte pas cette désinformation et ces accusations", ajoute un syndicaliste. "On soupçonne que le bilan est probablement déjà plus lourd que ce qu’on sait. On ne le saura peut-être jamais. On a des doutes au regard de l’activité actuelle du centre hospitalier, anormalement basse", s’alarme le médecin. Il précise qu’une "dizaine de fois", des femmes sur le point d’accoucher "ont été bloquées à des barrages". Renforts Pour l'heure, "on ne peut pas faire de lien de causalité entre les retards [de prise en charge] et les décès", réagit François Chièze, le directeur de la veille sécurité sanitaire à l'Agence régionale de santé. Le responsable de l'ARS confirme également que le "couloir sanitaire" menant au nord de l’île était non-effectif mardi matin. Ce jeudi, l'ARS indique que 40 professionnels de santé, des infirmiers et des sages-femmes, sont arrivés en renfort pour une durée de 15 jours, afin de "faire face aux difficultés de fonctionnement". Il manquerait en moyenne 30% de l'effectif médical total, déplore le Dr Durasnel. [Avec Mayottehebdo.com]
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