Un chirurgien ORL libournais vient d'être suspendu six mois, dont trois avec sursis, du 1er mai au 31 juillet prochain, par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins d’Aquitaine. Il n’avait pas supporté, après les attentats de Paris, la venue dans son cabinet d’une femme couverte d’un foulard et l'avait conspuée puis dénoncée à la gendarmerie.
Peu de temps après les attentats de Paris, la mère d'un jeune patient, de confession musulmane, était entrée dans son cabinet avec un foulard sur la tête. Après lui avoir demandé depuis "combien de temps elle était en France", il l’avait ensuite tancée : "sachez que le foulard que vous portez est un signe de non-intégration", avant de lui suggérer d’en choisir un "de couleur bleu blanc rouge" ou alors "de partir au Maroc, en Algérie ou en Arabie Saoudite, là où ils sont de rigueur". "Nous sommes en guerre, il faut savoir dans quel camp vous êtes", avait-il lancé, avant de hausser encore un peu plus le ton et d’abattre brutalement son poing sur une table, rapporte le quotidien Sud-Ouest.
Après avoir interrompu la consultation, donnée en secteur privé au sein de l’hôpital de Libourne, le médecin avait informé la gendarmerie qu’il suspectait chez cette femme une "dérive islamiste". La patiente avait été convoquée mais l'affaire avait été rapidement classée. La famille, très bien intégrée, n'avait rien à se reprocher. Le praticien a fini par s’excuser, indiquant pour sa défense qu’il était sous le coup de l’émotion, suite au massacre du Bataclan. L'argument n'a pas suffi. D'autant que c’était la première fois qu’il voyait cette personne.
Le médecin a "déconsidéré la profession"
"Ces propos, par leur nature, constituent nécessairement une méconnaissance des obligations faites au médecin de ne pas tenir compte de l’appartenance à une religion d’une personne qu’il écoute", a indiqué la chambre disciplinaire dans les attendus de sa décision. Le praticien n’a pas respecté la dignité de la plaignante, mais il a aussi, du fait de son attitude, gravement déconsidéré la profession. L’avocat du médecin n'a pas contesté les faits. Toutefois il a sollicité le rejet de la plainte, au motif que celle-ci n’avait pas été déposée par la mère de famille mais par le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). La plainte a été jugée recevable par la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins d’Aquitaine. "En raison des griefs invoqués.... qui lèsent de manière directe et certaine les intérêts moraux qu’il est chargé de défendre de par ses statuts", le CCIF avait un intérêt "suffisamment direct et certain" pour introduire cette procédure disciplinaire, observe la juridiction. Le médecin peut encore faire appel. En juin 2015, l'altercation entre une généraliste et une patiente voilée avait fait le buzz. La généraliste s'était emportée en disant "Je n'aime pas les femmes voilées", "vous êtes un scandale pour toutes les femmes". La patiente avait alors sorti son téléphone portable en demandant au médecin de répéter ses propos. "Je vous en prie, surtout. Surtout portez plainte, au moins qu’on médiatise un peu la chose." "Pourquoi", lui demande la patiente : "Parce que je ne veux plus de femmes voilées en France", répond-elle(…) "Je maintiens que j’ai dit que je ne voulais pas de femmes voilées dans mon cabinet." "Et pourquoi ?" "Parce que c’est un signe ostentatoire religieux, c’est illégal." Le site Buzzfeed avait publié la vidéo et la patiente avait porté plainte devant l'Ordre des médecins. Condamnée à un mois d'interdiction d'exercice avec sursis, la généraliste a fait appel. La décision en appel n'est pas encore connue. [Avec Sudouest.fr]
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M A G
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