Où sont passés les médecins ? C'est la question à laquelle répond la nouvelle cartographie interactive de la démographie médicale présentée ce mardi matin par le Conseil de l'Ordre des médecins. Au 1er janvier 2017, plus de 196.000 médecins en activité régulière étaient recensés, dont 22 000 praticiens à diplôme étranger.
Au 1er janvier 2017, l'Ordre des médecins recensait 287 133 médecins inscrits. "Nous avons aujourd'hui plus de médecins qu'il n'y en a jamais eu", a souligné le Dr Patrick Bouet, président du Cnom, lors de la présentation de sa nouvelle carte interactive de la démographie médicale. Problème: seuls 196 052 sont en "activité régulière" (hors remplaçants et retraités). Et 87 275 seulement exercent dans les territoires en tant que médecins généralistes : c'est 6 000 de moins qu'en 2010. Seuls les départements de la façade atlantique, la Corse du Sud, les Pyrénées orientales, la Savoie, la Haute-Savoie et l'Outre Mer sont bénéficiaires [en vert sur la carte].
Les médecins étrangers ont limité la casse : 22.400 médecins exerçant une activité régulière au 1er janvier dernier ont obtenu leur diplôme à l'étranger, dont 12 503 hors UE. Soit 11.4% des médecins en activité, contre 7% en 2010. Pour le Cnom, la suppression ou l'augmentation massive du numerus clausus au programme du président Macron n'y changera rien. D'abord parce qu'"on ne peut pas former autant de médecins année par année", pointe son président, et ensuite parce que les "flux" actuels ne jouent pas en faveur des territoires. "Si les flux restent les mêmes, ce n'est pas parce qu'il y aura 20 000 médecins de plus que nous les aurons là où nous en avons besoin", tranche le Dr Bouet. De là à conclure que les dispositifs incitatifs à l'installation mis en place par l'Etat ces dernières années ne fonctionnent pas, il n'y a qu'un pas. Que le Cnom franchit, en livrant une carte montrant d'une part les zones médicalement déficitaires définies il y a 5 ans par les ARS [en rouge sur la carte] et d'autre part, les vissages de plaques en 2016 [en bleu sur la carte]. Le décalage est flagrant.
Déplorant un "système hyper-centralisé, hyper administré" qui n'a fait qu'organiser la distribution des soins (de préférence dans des structures) plutôt que l'accès aux soins, le Cnom propose une autre voie, au plus près des territoires. Sa carte permet ainsi d'observer les données clés de la démographie médicale (modes d'activités, spécialités, etc.) à l'échelle, jugé plus pertinente, des bassins de vie. Des territoires qui peuvent mettre en place des réponses innovantes aux besoins de la population, sans passer obligatoirement par le "millefeuille administratif". Dans la montagne limousine, aux confins de la Corrèze et de la Creuse, autour de la commune de Bugeat, 6 médecins généralistes ont mutualisé leur système informatique et leur temps, tout en restant chacun dans leur cabinet. Six médecins généralistes qui, ainsi, se sont maintenus dans une région pourtant en voie de désertification. Un message d'espoir que le Dr Bouet portera auprès de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qu'il devrait rencontrer la semaine prochaine.
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