L'affaire est actuellement entre les mains du Tribunal des Prud'hommes de Toulouse, où la présidente de la Commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale (PS), doit répondre d'une accusation de licenciement d'une assistante durant son congé maladie. Catherine Lemorton a refusé de répondre aux questions du journal d'investigation Médiapart, lequel dresse de la pharmacienne toulousaine, porte parole santé de Benoît Hamon pour la médecine libérale, un portrait cru et à charge.
Véronique Dufor, 44 ans, a-t-elle été licenciée abusivement par la présidente de la commission des Affaires sociales, en aôut 2015, après des arrêts maladie à répétitions du fait d'une douleur rebelle au coude ? L'avocat de la plaignante, maître Claude Yeponde, affirme que les conditions n'étaient pas réunies pour plaider "la perturbation du fonctionnement de l'entreprise", motif qui autorise le remplacement d'un salarié en arrêt maladie. Le conseil de Catherine Lemorton, Maître Christine Vaysse-Lacoste, estime évidemment le contraire et évoque même "un chantage sur un élu de la République"… Ce qui a mis maître Yeponde, sous la menace d'une sanction pour avoir signalé un comportement potentiellement illégal à la présidence de l'Assemblée nationale et du groupe PS de l'hémicycle.
"Traumatisée"
Néanmoins, l'élue n'en était pas à son coup d'essai, informe Médiapart. En 2011 déjà, elle avait licencié une de ses assistantes pendant un arrêt maladie de plusieurs mois. Cette assistante n'avait pas eu la force d'attaquer, et se dit encore trop "traumatisée" pour raconter son histoire. Au final, ce qui se dessine au travers de l'enquête du media d'investigation, c'est le portait d'une femme de tête, autoritaire, qui embauche fort opportunément sa propre fille le 1er avril 2015 pour un an et '"pour lui donner des repères", précisément durant l'absence de Véronique Dufor. De plus, bien que la députée ait voté en 2012 un amendement en faveur de la transparence sur les frais de représentation des députés, ses anciens assistants lui reprochent de s'être servie de l'argent public pour des dépenses qui n'avaient rien à voir avec l'exercice du mandat, rapporte Médiapart.
"Avec elle, j'en ai pris pour deux ans de psy et 25 kg"
Il en va ainsi (factures publiées à l'appui), pour du matériel acheté par l'assistante pour sa fille – ordinateurs, téléphones portables, etc. – . Des frais qui seront remboursés à l'élue sur son compte d'indemnités représentatives des frais de mandat (IRFM). Parmi les témoins qui ont ouvert leurs cœurs à Michael Hajdenberg, le journaliste auteur de l'enquête, Lamia, en couple avec Julien, raconte les "humiliations et les brimades quotidiennes indignes d'un employeur, surtout d'un élu", souvent incompréhensibles. Catherine Lemorton est un tempérament, comme on dit, "adorable un jour, détestable le lendemain. Capable de remercier publiquement ses assistants à la fin de l'examen d'un texte, et de les humilier quelques heures plus tard, écrit le journaliste". "Avec elle, j'en ai pris pour deux ans de psy et 25 kg", raconte Julien, qui avait déjà confié son expérience traumatisante au journal du Dimanche, sans révéler le nom de la députée. "J'étais son larbin j'avais un double master de droit et sciences politiques, j'avais été au bureau national de l'UNEF et à la direction nationale des jeunes socialistes ; j'aspirais à autre chose qu'à découper au ciseau les articles la concernant et les coller dans un classeur, raconte-t-il. A l'appui de sa démonstration, Julien produit de photos des "missions personnelles et humiliantes", qu'il devait remplir dans sa fonction : tas de vaisselle sale avec post-it "vaisselle à faire, SVP'", liste de commissions, cafetière à nettoyer "avant le WE", liste de médicaments à prendre à la pharmacie avec la mention "pas de génériques", précisée par la pharmacienne.
Nouveau mandat de député?
"Sur ces sujets, Catherine Lemorton a choisi de garder le silence, misant peut- être sur le fait que le jugement des prud'hommes concernant le licenciement de Véronique Dufor ne sera rendu que le 29 juin", conclut le journaliste. "Soit 11 jours après le second tour d'une élection où elle briguera un nouveau mandat de député". [Avec Médiapart]
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