La mortalité infantile augmente en France, en lien avec une néonatologie en crise
Ainsi, à l’opposé de ce qui s’observe dans la majorité des pays occidentaux, la mortalité infantile augmente en France depuis 2012. Et, "depuis 2015, elle est supérieure à la moyenne européenne" avec un excès de mortalité estimé à environ 1 200 décès chaque année, alertent les pédiatres néonatologistes, dans un communiqué. La France, se trouve désormais en 20e position des pays européens, alors qu’elle occupait la 3e place entre 1996 et 2000. Cette mortalité est principalement due à un excès de mortalité néonatale (dans le 1er mois de vie) qui concentre 74% des décès (47,8% dans la première semaine de vie). Surtout, cette mortalité neonatale s’accentue : elle ne représentait "que" 65% de la mortalité infantile en 2005. Les nouveau-nés extrêmes prématurés sont particulièrement concernés, mais aussi les nouveau-nés à terme, pouvant présenter des pathologies graves. Pour expliquer cette situation, la Société française de néonatologie (SFN) évoque la hausse de l’âge des mères au moment de l’accouchement, l’accroissement des grossesses multiples, et la précarité, mais aussi une dégradation du circuit de soins. Ainsi, le taux d’occupation des lits de réanimation néonatale dépasse 95% dans près de la moitié des unités, avec de grandes disparités sur le territoire. Des entrées sont régulièrement refusées faute de place, affirment les spécialistes. Cela est lié, en particulier, au recul des limites d’âge gestationnel pour la prise en charge de l’extrême prématurité, et au nombre croissant de grossesses alors que le fœtus est atteint d’une malformation grave et incurable (+200% en 10 ans d’après les données de l’Agence de la Biomédecine). "Ces chiffres sont préoccupants car des taux d’occupation élevés sont associés à une augmentation du risque de morbidité sévère et de mortalité chez les grands prématurés", affirme la SFN. A cela s’ajoutent des moyens humains insuffisants : près de 75% des services rencontrent des difficultés pour assurer la permanence des soins ; et 80% des pédiatres néonatologistes dépassent la durée légale maximale de travail hebdomadaire, avec un impact important sur la qualité de vie au travail et des risques majeurs sur la santé de ces soignants (troubles du sommeil, dépression, burn out, …). Les effectifs infirmiers sont aussi en grande majorité insuffisants, inadaptés à la charge de travail réelle. "Ces constats sont alarmants", souligne la SFN. "Il est urgent que la Direction générale de l’offre de soins rouvre les discussions avec la SFN pour revoir l’organisation des soins critiques en néonatologie".
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