De nombreuses études ont déjà suggéré une baisse de la qualité du sperme et d'autres marqueurs de la santé reproductive masculine. Mais les données étaient souvent partielles, et/ou peu fiables, et ne permettaient pas d’avoir un tableau global – à l’échelle internationale et pour tous les continents – de la situation.
C’est pourquoi une équipe d’auteurs internationaux ont mis en place une étude dont l’objectif était d’analyser les tendances concernant les taux de spermatozoïdes chez les hommes de tous les continents. Pour cela, ils ont réalisé une méta-analyse à partir des études portant sur la concentration de spermatozoïdes et le nombre total de spermatozoïdes des hommes, publiées entre 2014 et 2019. 38 études ont été retenues. Les auteurs ont ensuite combiné ces nouvelles données avec une autre méta-analyse qu’ils avaient réalisée précédemment, en 2017, et qui portait sur la période précédente : 1981-2013. Ce premier document avait été critiqué, en particulier du fait qu’il ne prenait en compte que les pays occidentaux, et n’intégrait pas les données de l'Amérique du Sud, l'Asie et l'Afrique. C’est le cas avec ce nouveau travail. Au total, ce sont donc les données de 223 études qui ont été analysées, couvrant la période de 1973 à 2018.
Les auteurs ont ainsi montré que la concentration de spermatozoïdes a sensiblement diminué de 51,6% entre 1973 et 2018, avec une accélération de la pente à partir de l’année 2000 : ainsi le pourcentage de déclin par an a doublé, passant de 1,16% après 1972 à 2,64% après 2000. Les résultats étaient similaires pour le nombre total de spermatozoïdes, avec une baisse globale de 62,3%.
Les auteurs concluent que "cette analyse est la première à signaler une baisse du nombre de spermatozoïdes chez les hommes non sélectionnés d'Amérique du Sud/centrale, d'Asie et d'Afrique […]. En outre, les données suggèrent que ce déclin mondial se poursuit au XXIe siècle à un rythme accéléré". Ils insistent sur la nécessité de mener "de toute urgence" de nouvelles recherches sur les causes de cette évolution, ainsi que des actions pour préserver la santé reproductive masculine.
Un facteur parmi d’autres
La quantité de spermatozoïdes est l'un des facteurs jouant sur la fertilité masculine, mais il n'est pas le seul. Leur mobilité joue aussi un rôle crucial, qui n'est pas mesuré par cette étude. Celle-ci ne permet donc pas de conclure à un déclin général de la fertilité masculine, même si elle apporte des éléments dans ce sens et s'inscrit aux côtés d'autres travaux qui ont plutôt étudié les causes de cette tendance. On soupçonne ainsi "des raisons telles que l'obésité, un manque d'activité physique, la pollution et l'exposition à des produits chimiques dans l'environnement", a rappelé l'endocrinologue Channa Jayasena. Cet expert de l'Imperial College, qui n'a pas participé à l'étude et s'exprimait auprès du Science Media Center britannique, a salué en l'occurrence un travail "important".
D'autres chercheurs, déjà sceptiques quant à l'étude de 2017, ont nuancé les conclusions de cette nouvelle publication, estimant qu'elle ne résolvait pas toutes les insuffisances reprochées à la précédente. "Je continue à douter de la qualité des études, en particulier les plus anciennes, (...) sur lesquelles se base cette nouvelle analyse", a déclaré à l'AFP l'andrologue Allan Pacey, sans remettre en cause la manière dont les auteurs ont mené leur compilation. Selon lui, l'évolution du taux de spermatozoïdes pourrait en réalité refléter des techniques de plus en plus fiables de mesure, et non la réalité elle-même.
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