Dermatite atopique et psoriasis : quelle place pour les biomarqueurs ?

13/06/2022 Par Roxane Goulam
Dermatologie
La détection de biomarqueurs pourrait être utile pour prédire l’évolution de la maladie, sa sévérité ou encore la réponse aux traitements.
 

La dermatite atopique et le psoriasis sont des dermatoses inflammatoires chroniques, médiées par les lymphocytes T. Mais pour l’heure, les biomarqueurs ne sont pas utilisés en première intention dans la pratique clinique, au cours de ces pathologies. Toutefois, de nombreuses études portent sur leur intérêt, plutôt en rhumatologie. Concernant la dermatite atopique, le Dr François Skowron (hôpitaux Drôme Nord) a expliqué, lors des « Rencontres et débats en dermatologie – Edition 2022 », organisées par LEO Pharma, en partenariat avec Dermato.net, le 14 mai dernier : « Il existe une hétérogénéité dans l’implication des différents types de lymphocytes T, en fonction des populations et de l’âge. Elle peut être appréhendée à l’aide de biomarqueurs pour mettre en place une thérapie personnalisée. » Des études ont notamment porté sur les nourrissons, pour déterminer l’intérêt des biomarqueurs dans la prédiction de l’évolution de la maladie. Selon le dermatologue, « une étude portant sur 87 bébés suivis pendant 5 ans a montré que si l’on retrouvait à un an de vie un taux élevé d’IL-8, d’IL-13 et de métalloprotéinase 10, cela prédisait une dermatite atopique sévère par la suite. Ces éléments peuvent donc nous guider pour savoir, parmi ces nourrissons, lesquels devront être traités et suivis pour éviter une marche atopique. » Par ailleurs, la dermatite atopique évoluant par poussées, il peut être difficile de l’évaluer sur le plan clinique. L’intérêt des biomarqueurs serait donc d’évaluer plus justement la sévérité de la maladie, lorsque la clinique ne le permet pas. Concernant le psoriasis, cette pathologie s’accompagne de manifestations cliniques dont la sévérité est plus facilement interprétable pour le clinicien. Les biomarqueurs existants semblent donc aider à cette évaluation, mais de façon moins importante que dans la dermatite atopique. Il existe toutefois deux niches pour lesquelles l’utilisation des biomarqueurs peut être intéressante. La première concerne le risque cardiovasculaire des patients psoriasiques. « Les patient psoriasiques modérés font jusqu’à 30% d’accidents cardiovasculaires en plus par rapport à une population appariée », indique le Dr Skowron. « Selon une étude, l’utilisation de la CRP ultra-sensible ou de la CCL 20 permettrait de dépister une athéromatose infraclinique et donc de détecter les patients les plus à risque », ajoute-t-il. Une seconde niche d’intérêt semble être celle de l’atteinte articulaire, qui apparaît généralement plusieurs années après le psoriasis cutané. Une étude a montré que le taux de CXCL 10 pouvait être prédictif de l’atteinte articulaire et ainsi orienter vers un avis rhumatologique ou vers une intensification thérapeutique chez les patients concernés.   Utilité surtout en cas de résistance au traitement Cependant, pour une partie de la communauté scientifique, il y a des limites à l’intérêt de ces biomarqueurs. En effet, comme l’explique le Dr Benoît Ben Said, (hôpital Edouard Herriot, Lyon) : « Nous avons à ce jour des traitements très efficaces, comme le dupilumab dans la dermatite atopique, et nous disposons de nombreuses alternatives thérapeutiques en cas d’inefficacité d’un traitement ». Selon lui, nous pouvons nous passer des biomarqueurs d’efficacité en première intention car la réponse clinique au traitement serait déjà un indicateur d’efficacité. « Les biomarqueurs pourraient plutôt être proposés ultérieurement, en cas de résistance », ajoute-t-il. Il est également à noter que certains biomarqueurs présentent des limites, comme un manque de spécificité, et que d’autres sont parfois difficiles à réaliser, comme le dosage du CXCL 10. Rappelons qu’un bon biomarqueur est caractérisé par sa simplicité, sa facilité d’interprétation, ainsi que sa reproductibilité. Les recherches portant sur les biomarqueurs se poursuivent en ce sens.

Approuvez-vous la nomination du Dr Yannick Neuder à la Santé ?

Michel Rivoal

Michel Rivoal

Non

Disons que j'ai plutôt une réserve. Ce qui me gène n'est pas qu'il soit médecin ou pas et cardiologue ou pas et hospitalier ou p... Lire plus

2 débatteurs en ligne2 en ligne





 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête Hôpital
Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins
14/11/2024
9
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
0
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS, un "échec" à 1,5 milliard d'euros, calcule un syndicat de médecins dans un rapport à charge
27/11/2024
12
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
6