Réactions cutanées post-vaccin Covid : de premières données rassurantes

18/01/2022 Par Marie Ruelleux-Dagorne
Dermatologie
Près d’un an après le top départ des campagnes vaccinales, quelles sont les réactions cutanées retardées possibles suite à l’injection d’un vaccin contre le Covid-19 ? Plusieurs types de ces réactions localisées ou généralisées ont été recensés. Si elles peuvent parfois être importantes et impressionner médecins et patients, elles restent cependant transitoires et ne compromettent en rien la poursuite de la vaccination. Un point a été fait sur ce sujet lors des Journées dermatologiques de Paris (30 novembre-4 décembre 2021).
 

Des travaux publiés notamment par des équipes américaines (1), espagnoles (2) et anglaises (3) ont détaillés les réactions cutanées qui peuvent apparaître au niveau du site d’injection ou à distance et de manière beaucoup plus diffuse, après une vaccination contre le Covid-19.  Ces réactions surviennent très majoritairement dans les jours suivant l’administration du vaccin.  Une étude américaine, publiée dans Jama Dermatoly (4), a par ailleurs analysé l’incidence des réactions cutanées après un vaccin à ARN messager contre le Covid-19. Sur une population de près de 50 000 personnes vaccinées, 1,9% des patients ont rapporté une réaction cutanée après la première dose et 2,3% après la deuxième dose. Parmi la population ayant eu une réaction à la première dose, 17% ont présenté une récidive lors de la seconde injection.  Des résultats à interpréter avec précaution cependant. Pour toutes ces études, il est particulièrement difficile d’avoir une estimation claire et précise de l’incidence qui est calculée à partir des remontées qu’en ont fait les médecins. Face aux réactions cutanées résolutives et non graves, les sous-déclarations ont dû être nombreuses.    Le Covid-Arm spécifique aux vaccins à ARN messager Pour le Pr Brigitte Milpied (dermatologue, CHU Bordeaux), "s’il fallait ne retenir qu’une seule réaction cutanée retardée potentielle après l’injection d’une dose d’un vaccin à ARN messager, ce serait le Covid-arm ! C’est tout à fait nouveau et cela se caractérise par une espèce de grand placard rouge et gonflé d’environ dix centimètres ou plus". Un effet secondaire rare avec une incidence de 0,8 à 1% pour la première dose et de 0,2 à 1% pour la deuxième. Il survient dans un délai de 7 à 10 jours après la première injection, et entre 2 et 3 jours après la deuxième.  "Le Covid-arm peut dans certains cas être assez impressionnant mais sa résolution ne nécessite aucun traitement", rassure le Pr Milpied. La plaque disparaît entre quelques jours et trois semaines environ.  Plus globalement, la cohorte...

espagnole (2) (405 cas) a permis d’identifier six tableaux cliniques de réactions cutanées non allergiques assez évocateurs qui surviennent généralement 7 jours après l’injection de la première dose du vaccin anti-Covid. Le délai d’apparition de ces effets secondaires est raccourci lors de la deuxième injection.  Covid-arm, urticaire ou réaction type angiœdème, exanthème mobilliforme, exanthème papulovésiculeux ou pseudovésiculeux, exanthème PRG-like (pityriasis rosé-like) et des rashs purpuriques sont ainsi les principaux types de réactions observés.  En parallèle, les auteurs ont observé des réactivations de dermatoses préexistantes ou d’une infection cutanée latente (zona, herpès, psoriasis, lichen plan), et le déclenchement d’une dermatose.  D'après les premières données recueillies, tous les symptômes dermatologiques liés à la vaccination anti-Covid disparaissent spontanément sans séquelle en quelques jours, le délai moyen de guérison étant de 19 jours.   Des données rassurantes confirmées par l’étude Covacskin
  Pour mieux comprendre les mécanismes physiopathologiques et permettre ainsi une information optimale et un meilleur encadrement des patients, la Société Française de Dermatologie (SFD) a lancé l’étude multicentrique Covacskin afin de mieux caractériser les signes cutanés apparaissant dans les jours suivants l’injection des différents vaccins anti-Covid.  Covacskin a reposé sur l'envoi de questionnaires à des dermatologues libéraux et hospitaliers ayant observé chez leurs patients des réactions cutanées dans les jours suivant la vaccination entre juin 2021 et fin septembre 2021.  Les résultats préliminaires arrêtés au 30 septembre 2021 confirment les premières données disponibles. Ils concernent 196 sujets (122 femmes et 74 hommes), âgés en moyenne de 56 ans. La plupart d’entre eux (81 %) ne présentaient pas d’antécédent d’atopie ni d’allergie. Ils étaient 30 % à présenter une dermatose antérieure connue.  Les réactions localisées, ou covid arm, (25%) sont le plus souvent érythémateuses, œdémateuses et prurigineuses (38%) avec un placard... *

large >10 cm (70%). Les réactions généralisées sont les plus fréquentes (90%) avec en premier lieu l’urticaire (20%). Une analyse plus approfondie de la séméiologie des diverses réactions généralisées (papuleuses, œdémateuses, vésiculeuses) plus ou moins étendues observées est en cours. Les réactions ont été principalement rapportées après la vaccination à ARNm (88,2 % ; 72,3 % Pfizer et 15,9 % Moderna). La plupart des réactions rapportées font suite à la première injection de vaccin (74,5 %), avec un délai moyen d’apparition de 5,6 jours. Elles ne se reproduisent que dans 30 % des cas à la seconde injection avec un délai d’apparition plus court. L’évolution semble favorable, même s’il existe des réactions cutanées parfois très importantes susceptibles d’impressionner patients et médecins. Ces manifestations sont toujours spontanément résolutives sans séquelle en quelques jours. Avec ici aussi, un délai moyen de guérison de la réaction cutanée de l’ordre de 19 jours.  Et concernant le risque de récidive, les données de tolérance de la deuxième injection n’ont été recueillies que pour seulement 71 patients. Les résultats sont plutôt rassurants, avec une récidive seulement pour 28 d’entre eux (le plus souvent d’intensité équivalente ou atténuée et de présentation identique). Les dermatologues restent donc rassurants et concluent au caractère bénin de ces réactions retardées, qui ne contre-indiquent en aucun cas la poursuite de la vaccination. Si leurs mécanismes physiologiques restent méconnus, plusieurs hypothèses sont avancées. "Les vaccins anti-Covid étant reconnus comme très immunogènes, ils pourraient favoriser la réactivation ou l'exacerbation de pathologies cutanées anciennes ou préexistantes, telles une maladie bulleuse ou un psoriasis ou d’autres types d’hyperréactivité cutanée. En tout cas, il ne s’agit pas de réactions allergiques", affirme le Dr Milpied.  5) McMahon DE et al. J Am Acad Dem 2021
6) Menni C et al. The Lancet 2021
7) Catala A. et al BJD 2021
8) Robinson LB, et al. Jama Dermatol 2021 

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