Radiofréquence pulsée : une alternative thérapeutique dans certaines algies post-zostériennes

20/05/2021 Par Corinne Tutin
Algologie
Assez simple à réaliser, peu coûteuse et dépourvue d’effets indésirables significatifs, la radiofréquence pulsée pourrait représenter un moyen thérapeutique intéressant dans les algies post-zostériennes réfractaires de la face ou d’autres douleurs neuropathiques comme les névralgies du trijumeau.  

Les algies post-zostériennes sont des douleurs neuropathiques chroniques de plus en plus fréquentes, qui altèrent la qualité de vie des patients qui en sont atteints, le plus souvent des personnes âgées présentant des comorbidités.  

Le Dr Daniel Timbolschi, qui est anesthésiste-réanimateur, médecin de la douleur et responsable de l’unité d’analgésie interventionnelle au Centre d’évaluation et de traitement de la douleur du CHU de Strasbourg, souligne que la radiofréquence pulsée (RFP) pourrait représenter une solution thérapeutique intéressante pour certaines algies post-zostériennes. La technique, qui diffère de la radiofréquence continue (thermo-coagulation), car la température délivrée ne dépasse pas 42 °C, est en effet assez simple à pratiquer et pas trop douloureuse. Il n’existe pas encore de recommandation formelle sur son usage dans les algies post-zostériennes. « Néanmoins, au vu de quelques traitements déjà réalisés – dont l’un chez un patient de 81 ans avec des algies post-zostériennes de la face dans le territoire du nerf mandibulaire V3, l’une des 3 branches du nerf trijumeau - elle pourrait représenter une alternative thérapeutique lorsque le malade n’a pas répondu aux traitements de première intention (amitryptiline, gabapentine, tramadol…) ou lorsque leurs effets secondaires (nombreux) sont intolérables ». « Au niveau de la face, on ne peut, à la différence de la région intercostale par exemple, utiliser un traitement local comme la capsaïcine. Et, la toxine botulinique qui représente aussi une alternative thérapeutique pour d’autres algies post-zostériennes de la face d’autres territoires du nerf trijumeau (V1 ou nerf ophtalmique, V2 ou nerf maxillaire) ne peut être employée que si le nerf concerné est uniquement sensitif », précise le Dr Timbolschi. « Or, chez ce malade, ce n’était pas le cas, car la branche du V3 est, à la différence des branches V1 et V2 purement sensitives, également motrice et une injection de toxine botulinique aurait pu déterminer une paralysie de l’extrémité de la lèvre inférieure, certes réversible après plusieurs semaines mais gênante pour l’alimentation du patient et pas seulement ».  

 

Test préalable 

La radiofréquence pulsée se pratique seulement si au préalable un bloc anesthésique test du nerf concerné s’avère positif. Une légère sédation (midazolam) peut être proposée, le patient devant rester conscient. Une stimulation sensitive, déclenchant une douleur d’intensité modérée à type de paresthésie dans le dermatome concerné, doit être réalisée avant le geste de RFP pour confirmer le bon positionnement de l’aiguille. Celle-ci est introduite de préférence sous guidage échographique. Chez ce malade âgé, avec des algies post-zostériennes réfractaires aux traitements médicamenteux, 2 séances de radiofréquence pulsée à 42 °C de 2 minutes ont été effectuées. Ce qui a permis de diminuer significativement les douleurs (niveau de 1/10 sur l’échelle numérique d’évaluation de la douleur) et de faire disparaître complètement l’allodynie dès le jour de l’intervention. Une hypoesthésie a persisté dans le territoire concerné mais n’a pas gêné particulièrement le patient. Aucun effet secondaire de la radiofréquence pulsée n’a été constaté. Si l’analgésie obtenue est limitée dans le temps, le geste pourra être répété chaque fois que la recrudescence algique apparaît. 

Au vu de l’expérience de son équipe, le Dr Timbolschi ajoute que « la radiofréquence pulsée pourrait également être employée dans des névralgies du trijumeau, lorsque les patients ne répondent pas ou manifestent des intolérances à la carbamazépine ou aux autres antiépileptiques et qu’une intervention chirurgicale de décompression n’est pas indiquée ».  

L’équipe l’unité d’analgésie interventionnelle du CETD de Strasbourg a également recouru avec des résultats positifs à la radiofréquence pulsée dans des douleurs pariétales chroniques réfractaires.  

Les années à venir permettront de préciser la place de la radiofréquence pulsée dans la prise en charge des douleurs neuropathiques. Le Dr Timbolschi souligne que « même s’il est courant dans la prise en charge de la douleur chronique d’utiliser des traitements hors AMM, du fait de l’absence d’études et de recommandations formelles, la radiofréquence pulsée doit pour l’instant rester réservée aux douleurs neuropathiques réfractaires ». 

 

Le Dr Timbolshi déclare n’avoir aucun lien d’intérêt.

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