Mesures de lutte contre le coronavirus : une étude chiffre l’impact

17/03/2020 Par Marielle Ammouche
Infectiologie
Selon une étude franco-belge, la combinaison de la fermeture des écoles et du télétravail permettrait de retarder de 2 mois le pic de l’épidémie, et de réduire  son incidence maximale de 40%.
 

Entre tableaux alarmistes de certaines études, et propos trop rassurants – voire irresponsables - de certaines personnes, il est difficile de se faire une idée de ce qui nous attend dans les prochaines semaines concernant la propagation de l’épidémie de Covid-19 en France et dans le monde. La question qui préoccupe chacun est ainsi de savoir si les mesures qui viennent d’être mises en place par les autorités françaises vont avoir un impact sur l’évolution épidémiologique du virus. Seuls des modèles mathématiques peuvent à l’heure actuelle permettre d’en savoir un peu plus. C’est pourquoi une équipe de chercheurs franco-belge a approfondi cette question. Parmi les premières mesures mises en place dans le monde entier, des dizaines de pays ont opté pour la fermeture des lieux d’enseignement - des écoles aux universités – ainsi que la promotion du télétravail, recommandé dans toutes les situations dans la mesure du possible. Se sont ensuite ajoutées les mesures de confinement. En France, la fermeture des écoles est effective depuis le 16 mars. « De telles mesures ont été évaluées pour la grippe saisonnière ou pandémique, mais leur efficacité pour le Covid-19 reste incertaine » observent les auteurs de cette étude. Ils ont donc analysé, grâce à un modèle mathématique, l'impact de la fermeture des écoles et du télétravail sur l’infection actuelle. Pour cela, ils se sont concentrés sur les 3 régions de France où il y avait le plus de cas au 13 mars 2020 : Île-de-France, Hauts-de-France, Grand Est. Régions dans lesquelles il y avait aussi une augmentation des syndromes grippaux survenant après la période grippal, donc probablement lié au Sars-Cov-2, selon le réseau Sentinelles.     Nécessité de combiner les mesures Les auteurs ont tenu compte des incertitudes actuelles concernant la sensibilité et transmissibilité du virus chez les enfants. Leurs résultats, parus le 14 mars, montrent tout d’abord que la fermeture des écoles seule n’aurait que peu d’effet sur l’évolution épidémiologique de la maladie, puisqu’une fermeture de 8 semaines des écoles au moment de la phase précoce de l’épidémie permettrait de réduire l’incidence maximale de l’infection de moins de 10%. En revanche lorsque cette mesure est associée au télétravail - et à condition que celui-ci concerne au moins 25% des adultes - , l’impact serait bien plus important. En effet, selon les auteurs, cela permettrait non seulement de retarder le pic de l’épidémie de près de 2 mois, mais aussi de réduire d'environ 40% l’incidence maximal au pic. Deux éléments majeurs pour tenter de préparer et d’éviter l’engorgement des services prenant en charge les malades. « Ceci est essentiel pour réduire le fardeau du système de santé dans les semaines de fortes demandes» soulignent ainsi les auteurs de l’étude. En outre, une réduction globale modérée du taux d'attaque final (15%) serait également observées avec ces 2 mesures, contre seulement 4% en cas de fermetures des écoles seule. Les résultats observés étaient globalement similaires dans les 3 régions analysées. Les auteurs ajoutent que des mesures de précaution supplémentaires telles que le respect des distances, l’évitement de la foule, des rassemblements, etc., couplées à des mesures d'hygiène strictes (lavage des mains, etc.) « devraient augmenter les avantages obtenus avec télétravail pour lutter contre la propagation de la maladie et réduire encore l'impact sur la population ». En effet, ces actions ont un impact d’autant plus important que le virus présente une persistance potentiellement longue sur les surfaces (72h).  

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