Génériques : un marché qui stagne

12/02/2020 Par Didier Rodde
Médicaments
Les acteurs du générique et du biosimilaire appellent à une mobilisation des pouvoirs publics.
 

La présentation des vœux à la presse du Gemme* a été l’occasion pour cette association, qui regroupe la quasi-totalité des acteurs du générique en France, de dresser un état des lieux des traitements génériques et des biosimilaires et d’appeler le gouvernement à adopter sans attendre des mesures cohérentes et concertées afin d’assurer l’avenir de ce secteur. De fait, les inquiétudes persistent. Ainsi que le rappelle Pascal Brière, vice-président de la commission Affaires économiques du Gemme, le marché du générique est demeuré atone en 2019, à peu près sur la même tendance qu’en 2018, marqué par une très faible progression de 1,3% en volume et de 0,9% en valeur, du fait de la pression exercée sur les prix. Ce qui, au total, fragilise progressivement l’équilibre économique du secteur. Alors qu’en 2019, les économies réalisées grâce à l’utilisation des médicaments génériques a représenté plus de 3 milliards d’euros, les industriels du générique ont subi 108 millions d’euros de baisse des prix, s’ajoutant aux 900 millions d’euros enregistrés sur les 6 années précédentes. De nombreuses contraintes s’étant ajoutées dans le même temps : mise en place de la sérialisation, dispositifs d’élimination (Cyclamed, Adelphe…), nouvelles normes environnementales et scientifiques etc.   Une majoration de la consultation pour les bons élèves ? Dans le but de donner un second souffle au générique, le GEMME propose un plan ambitieux, modélisé avec le concours d’une société d’études, consistant notamment à inciter les médecins à prescrire davantage de génériques, qui pourrait prendre la forme d’une majoration a posteriori, par exemple trimestrielle, du prix de la consultation en fonction de l’atteinte d’un taux de prescriptions dans le répertoire. Le Gemme appelle dans un premier temps l’Assurance maladie à mettre en place une expérimentation contractualisée avec des médecins généralistes.   Les biosimilaires à la recherche d’un modèle de développement efficient Parallèlement, les acteurs du secteur nourrissent beaucoup d’ambition en ce qui concerne...  

les biosimilaires, qui représentent aujourd’hui 777 millions d’euros (471 à l’hôpital – 31 biosimilaires et 306 en ville – 22 biosimilaires), en progression de chiffre d’affaires de 69% en ville et de 42 % à l’hôpital entre 2018 et 2019. Le marché des médicaments biologiques pesant 7,3 milliards d’euros. Pour autant, ainsi que le souligne Christophe Delenta (vice-président de la commission Biosimilaires du Gemme), le marché des biosimilaires, reste encore trop limité, étant actuellement bien loin de l’objectif de substitution de la stratégie nationale de santé à hauteur de 80% en 2022 ; seules 2 molécules à l’hôpital (filgrastim et trastuzumab) et 1 seule en ville (filgrastim) l’ayant satisfait. Le dynamisme de ce marché devrait néanmoins être conforté par la fin en 2020 des brevets d’un certain nombre de médicaments biologiques. Reste la question de la substitution avec l’abrogation l’an dernier de la loi de 2014 qui en posait le principe. De ce point de vue, le Gemme milite pour le maintien de l’interchangeabilité par le médecin de ville (original/biosimilaire et biosimilaires entre eux), la fixation d’objectifs de prescription, la substitution par le pharmacien dans des conditions économiques et pratiques à définir et des mesures plus incitatives au niveau de l’hôpital.   2020 : une année charnière Cette nouvelle année apparaît donc à la fois riche d’espoirs et chargée d’inquiétudes. Au chapitre de ces dernières, Stéphane Joly, président du Gemme, pointe certaines conséquences potentiellement délétères de l’article 66 de la loi de financement de la sécurité sociale 2019-2020 instituant une base de remboursement unique au sein du groupe générique, le princeps se trouvant dès lors pris en charge au prix du générique. Le problème naissant de l’alignement du prix des princeps (ce qui a déjà commencé) entraîne, en effet, un risque de baisse des volumes des génériques correspondant. Pour écarter ce dernier, le Gemme propose la parution d’un décret empêchant l’alignement des prix du princeps durant les 2 années suivant la sortie d’un générique afin de permettre au générique de prendre son essor.   *Créé en 2002, le Gemme réunit 26 professionnels du médicament générique et biosimilaire ; plus de 90% du marché des mécicaments génériques et 60% de celui des biosimilaires.    

Chiffres clés
Le marché des médicaments génériques représente en volume 38% des prescriptions de médicaments remboursables (920 millions de boites) et 19%  en valeur.
Le prix moyen d’une boîte de générique est passé de 4,50 euros en 2012 à 3,81 euros en 2019 (2,66 euros en tenant compte des remises).
47 % des prescriptions sont réalisées dans le répertoire des génériques.
Le taux de substitution par les pharmaciens était de 80,9% en 2019.

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

François Pl

Non

Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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