Pour l’Académie de pharmacie, le cannabis "thérapeutique" n’existe pas

18/06/2019 Par Marielle Ammouche
Santé publique
L’Académie nationale de pharmacie met en garde, dans un communiqué publié le 17 juin, contre les abus de langage associés au cannabis "thérapeutique". Pour l’institution, cette appellation serait "abusive et dangereuse".

Elle considère ainsi que le cannabis "thérapeutique" n’existe pas, dans le sens où ce produit ne répond pas au processus d’autorisation de mise sur le marché (AMM) obligatoire pour toutes spécialités médicales ou thérapeutiques, et que cette terminologie constitue donc "un abus de confiance". "Mélange végétal composé de 200 principes actifs différents, variables en quantités et en proportions en fonction des modalités de culture, de récolte, de conservation, n’étant ni dosé, ni contrôlé, le cannabis dit thérapeutique ne peut apporter les garanties d’un médicament", affirment ainsi les académiciens. Ils font le parallèle avec la morphine, extraite du pavot, comme le tétrahydrocannabinol (THC) et le cannabidiol (CBD) est extrait du cannabis. Pour autant, "l’opium 'thérapeutique' n’existe pas", soulignent ces auteurs.

Ils mettent en avant les risques d’addiction en particulier chez les jeunes, de complications psychosomatiques, et le rôle du cannabis dans le déclenchement d’infarctus du myocarde et dans la mortalité liée au cancer pulmonaire "largement sous-estimée". Les académiciens soulignent aussi le risque d’ingestion accidentelle chez les enfants (qui a été multiplié par 2,5 entre 2010 et 2014) du fait de la consommation parentale. Ils rappellent par ailleurs que quatre "médicaments" issus de cannabinoïdes de synthèse et d’un extrait pur de cannabis (cannabidiol), sont actuellement autorisés dans certaines situations cliniques spécifiques et des conditions rigoureuses de prescription :

  • Le THC de synthèse : le dronabinol (Marinol, Unimed Pharmaceuticals) ; et un dérivé synthétique du THC : le nabilone (Cesamet, Meda Pharmaceuticals). Ils sont tous deux indiqués dans les nausées et les vomissements dus à la chimiothérapie anticancéreuse et pour stimuler l'appétit. Et le nabilone dispose d’une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) dans certaines douleurs, dystonies, et troubles du sommeil
  • Le cannabidiol (CBD) : Epidyolex (GW Pharma) possède une ATU pour la prise en charge de certaines formes d’épilepsie rares et sévères.
  • L’association de THC et CBD : le nabiximols (Sativex, Almirall) a une AMM contre la spasticité de la SEP. Mais son servive médical rendu (SMR) a été jugé "insignifiant" par l’ANSM, donnant lieu à un remboursement à 15 %. À ce jour, le produit n’est pas commercialisé en France.

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Michel Lemariey-Barraud

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