Etude sur alimentation "bio" et cancers : des biais identifiés par l’Académie

05/04/2019 Par Marielle Ammouche
Nutrition

L’Académie nationale de médecine a jugé nécessaire de revenir sur une étude publiée dans le Jama en octobre 2018, et qui montrait que le fait de manger des aliments "bio" régulièrement réduisait le risque d’apparition d’un cancer de 25%. Les auteurs avaient observé, en outre, que cette association était particulièrement marquée pour les cancers du sein chez les femmes ménopausées (-34 % de risque, score bio élevé versus bas) et les lymphomes (-76 % de risque).

Cette vaste étude, puisqu’elle a été porté sur près de 70 000 personnes issues de la cohorte NutriNet-Santé, a été menée par des chercheurs du centre de recherche en Epidémiologie et Statistiques Sorbonne Paris Cité (Inra/ Inserm/Université Paris 13/Cnam). Les participants, qui étaient majoritairement des femmes (78%, âge moyen 44 ans) ont répondu à un questionnaire détaillé sur leur alimentation. Dans un communiqué de presse, l’Académie de Médecin reconnait que l’étude est "intéressante" et que "les auteurs ont réalisé un important travail". Cependant, elle met en évidence 3 critiques sur le plan méthodologique, qui remettent en cause ces résultats. Tout d’abord, elle considère qu’il existe un biais de sélection dans le sens où les deux groupes de personnes évaluées diffèrent sur des facteurs tels que le sexe, l'âge de la première grossesse - "facteur déterminant pour le risque de cancer du sein"-, la consommation de fruits et légumes, le niveau socio-économique, l'activité physique... "Tous [ces] facteurs [sont] susceptibles d'expliquer à eux seuls une différence" souligne l’Académie. De plus, l’évaluation de la consommation de l’alimentation bio apparait imprécise : "les sujets inclus dans l'étude devaient dire s'ils consommaient une alimentation "bio" de temps en temps, sans précision ni sur la quantité ni sur la durée de cette consommation", détaille l’Académie. Enfin la période de surveillance de l’apparition d’un cancer était de 4,5 ans, ce qui "est très court pour la genèse d'un cancer par exposition à des produits".
 
L’Académie conclue en reconnaissant que cette étude constitue un "signal" entre alimentation "bio" et la moindre survenue d'un cancer, mais elle considère "qu'à ce jour, au vu de cette seule étude, le lien de causalité entre alimentation "bio" et cancer ne peut être affirmé et invite à la prudence dans l'interprétation trop rapide de ces résultats".   

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Michel Lemariey-Barraud

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