L’imagerie multimodale des stades initiaux de la rétinopathie diabétique permet de mettre en évidence des mécanismes différents selon les patients

21/03/2019 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie Endocrinologie-Métabolisme Ophtalmologie
La rétinopathie diabétique reste la cause principale de cécité chez les adultes aux Etats-Unis. Une équipe portugaise qui travaille depuis plusieurs années sur la rétinopathie diabétique non proliférante modérée en a décrit trois phénotypes dont les risques de développer des complications mettant en jeu le pronostic visuel sont différents. Ces phénotypes peuvent être caractérisés par la prédominance de l’un des trois principaux mécanismes physiopathologiques suivants : la neurodégénérescence, l’œdème et l’ischémie.

Cette même équipe a utilisé l’imagerie multimodale non invasive afin d’examiner la prévalence de ces 3 différents mécanismes pathologiques dans les stades initiaux de la rétinopathie diabétique. En effet, la neurodégénérescence est marquée par l’amincissement des fibres nerveuses rétiniennes (RNFL et GCL-IPL) en tomographie de cohérence optique (OCT)  alors que l’œdème rétinien par fuite capillaire se caractérise par une augmentation de l’épaisseur de la rétine en OCT ; quant à l’ischémie elle peut être évaluée par des mesures de la densité vasculaire en utilisant l’angiographie OCT. Les lésions ont été groupées en fonction de la sévérité de la rétinopathie diabétique en utilisant le protocole ETDRS (Early Treatment Diabetic Retinopathy Study). L’imagerie a été réalisée sur 142 yeux de 142 patients (dont 28 % étaient des femmes), âgés de 52 à 88 ans. La densité des vaisseaux, signe de l’ischémie, était significativement différente en fonction de la sévérité de la rétinopathie jugée selon la classification ETDRS (groupe 10-20 versus groupe 35 et groupe 43-47). En analyse multivariée, la densité vasculaire restait significativement différente entre les stades de la maladie rétinienne et montrait une association avec l’âge (p < 0.001), le sexe (p = 0.028) et le contrôle métabolique (p = 0.034). En revanche, il n’y avait pas de différence significative entre les groupes ETDRS de sévérité de la rétinopathie diabétique pour ce qui concernait la neurodégénérescence ou l’œdème rétinien. A stade ETDRS de sévérité de la rétinopathie identique, la prévalence des différents mécanismes physiopathologiques de la rétinopathie variait d’un patient à l’autre. L’ischémie était le seul mécanisme physiopathologique qui était corrélé avec la sévérité de la rétinopathie et le contrôle métabolique. En conclusion, les yeux des stades initiaux de la rétinopathie diabétique peuvent montrer des aspects de neurodégénérescence, d’œdème ou de diminution de la densité vasculaire. Ces altérations semblent survenir à différents degrés en fonction des yeux et des patients, indiquant que le mécanisme prédominant de la rétinopathie diabétique pourrait varier d’un patient à l’autre. L’amincissement de la rétine est un signe précoce qui semble survenir de manière indépendante de la présence d’œdème ou d’atteinte capillaire. L’œdème peut aussi être identifié comme le premier stade de la rétinopathie diabétique mais sa prévalence n’est pas corrélée avec la sévérité de la maladie. Enfin, la diminution de la densité vasculaire semble la seule caractéristique associée de manière claire avec la sévérité de la rétinopathie diabétique jugée selon le score ETDRS. Ces résultats suggèrent que la fuite capillaire est le processus critique dans la rétinopathie diabétique. Quant à la densité rétinienne vasculaire, elle semble permettre d’identifier les patients à risque le plus élevé de s’aggraver.

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