Les auteurs ont travaillé sur un modèle expérimental de souris à risque élevé de cancer du sein. Ces souris ont été parquées durant une semaine dans un enclos exigu, provoquant un stress continu. Puis les souris ont été divisées en deux lots, l’un maintenu dans l’enclos exigu, l’autre mis dans un enclos suffisamment grand et confortable pour faire disparaître le stress. Les souris exposées au stress ont non seulement modifié leur comportement, témoignage de leur niveau d’anxiété et de dépression, mais ont aussi développé des tumeurs mammaires plus importantes en taille et croissant plus rapidement que chez leurs congénères non soumises au stress. Les analyses biologiques et histologiques ont permis de montrer que les tumeurs développées chez les souris stressées contenaient un nombre bien plus élevé de cellules souches cancéreuses, lesquelles interviennent non seulement sur la vitesse de croissance des tumeurs mais aussi sur leur essaimage à distance (métastases). Si le stress favorise l’oncogenèse, c’est dit-on via le cortisol qui inhibe le système immunitaire. Or, ce travail montre que le taux de cortisol est plus bas chez les souris exposées durant un mois au stress que chez les souris du groupe contrôle. Si le stress favorise les cancers, ce n’est donc pas en raison d’une immunodépression induite par un cortisol élevé. Les auteurs de l’étude citée en référence montrent que les souris exposées au stress chronique mais recevant un médicament bloquant un récepteur adrénergique (ADRB2) ont des tumeurs plus petites et moins de cellules souches cancéreuses que les souris exposées au même stress mais ne recevant pas ce médicament. Selon ces chercheurs, c’est l’adrénaline qui créerait le lien entre stress et cancers car une fois fixée aux récepteurs ADRB2, cette hormone boosterait les niveaux de lactate déshydrogénase activant à leur tour des oncogènes et la production de cellules souches cancéreuses, tout en libérant de grandes quantités de lactate dont se nourrissent les cellules cancéreuses pour assurer leur prolifération.
Forts de ces constats, les auteurs ont repris les data de 83 femmes ayant présenté un cancer du sein. Et ils ont découvert une corrélation forte entre la taille de la tumeur et son degré d’agressivité d’une part, et le niveau de lactate déshydrogénase d’autre part. Revenant ensuite à leur modèle animal, les auteurs montrent que la vitamine C permet de réduire l’impact de ces taux élevés de lactate déshydrogénase sur l’oncogenèse, n’hésitant pas à suggérer que cette vitamine serait potentiellement une arme contre les cancers induits ou favorisés par le stress chronique.
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