Selon une étude réalisée au Royaume-Uni, où le nombre d’arthroplastie de l’épaule est depuis 1998 multiplié chaque année par un facteur de 5.6, le risque de reprise chirurgicale serait bien plus élevé qu’attendu, notamment chez les hommes de moins de 60 ans : il est estimé dans cette étude à 23.6%. Les auteurs, qui publient les résultats de leur étude dans le BMJ, ont fait appel à une base de données hospitalières du National Health Service permettant d’analyser 58 054 interventions de remplacement de l’épaule réalisées entre avril 1998 et avril 2017 sur un total de 51.895 patients de 50 ans et plus. Le risque de complication post-chirurgicale, quelle que soit l’échéance de cette complication, va de 2.7% pour les femmes de plus de 85 ans à 23.6% pour les hommes âgés de 55 à 59 ans. Les complications à court terme sont plutôt bien maîtrisées. Ainsi, le risque de survenue d’une complication au cours des 30 premiers jours suivant l’intervention est globalement de 3.5%, il est de 4.6% au cours des 90 premiers jours. Ces complications sont principalement les infections respiratoires basses, les infections urinaires, l’insuffisance rénale aiguë. Mais ce sont les complications à distance, bien plus nombreuses qu’attendues, qui sont soulignées par cette étude, avec un taux d’autant plus important que l’intervention est précoce, c’est-à-dire chez des patients de moins de 60 ans. Dans tous les groupes d’âge, ce risque de complication tardive est plus élevé chez les hommes que chez les femmes, il culmine donc à 23.6% chez les hommes âgés de 55 à 59 ans. Ce n’est pas une surprise totale compte tenu de l’espérance de vie des hommes à cet âge. En effet, lors d’une présentation à l’Académie nationale de médecine, en juin 2018, le Pr Jean-François Kempf (Illkirch-Graffenstaden) soulignait que si "les résultats obtenus sont bons à court et moyen termes (5 à 10 ans), avec un score fonctionnel de Constant d’environ 95 %, à long terme, au-delà de 15 ans, la situation se dégrade en raison principalement d’un descellement du composant glénoïdien. Les reprises chirurgicales alors nécessaires sont particulièrement complexes avec des résultats fonctionnels plus aléatoires." Les auteurs de l’étude du BMJ insistent sur la nécessité d’une décision partagée entre le patient et son chirurgien, ce dernier devant informer son patient sur la fragilité possible du résultat fonctionnel dans la durée.
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