Les réactions psychiatriques à des situations de stress sont fréquentes dans la population générale et pourraient être à l’origine de dysfonctions immunitaires.
Afin de mieux comprendre les relations entre des conditions stressantes et le développement de pathologies liées au stress puis le développement ultérieur de maladies auto-immunes, une cohorte rétrospective de population avec appariement à des témoins et appariement intra familial a été conduite en Suède entre 1981 et décembre 2013. La cohorte comprenait 106 464 patients exposés présentant des troubles liés au stress et 1 064 640 personnes appariées non exposées ainsi que 126 652 frères ou sœurs de ces patients. Les pathologies liées au stress étaient les troubles en rapport avec un stress post-traumatique, les réactions aiguës au stress, les pathologies d’ajustement ou les autres réactions au stress. Les différents diagnostics ont été identifiés dans le Registre National des patients Suédois et la probabilité de développer une maladie auto-immune a été évaluée un an après le diagnostic des pathologies liées au stress. L’âge médian de diagnostic des pathologies liées au stress était de 41 ans (intervalle inter quartile : 33-50 ans) et 40 % des patients exposés étaient des hommes. Au cours d’un suivi moyen de 10 ans, le taux d’incidence des maladies auto-immunes était de 9.1 pour 1 000 personnes/année chez les patients exposés, de 6 pour 1 000 personnes/année chez les personnes appariées non exposées et de 6.5 pour 1 000 dans les cohortes de frères et sœurs, donnant un taux de différence absolue de 3.12 (2.99-3.25) et de 2.49 (2.23-2.76) pour 1 000 personnes/année en comparaison de la population de référence. En comparaison avec la population non exposée à une pathologie liée au stress, les patients ayant une pathologie liée au stress avaient un risque augmenté de maladie auto-immune (HR = 1.36 ; 1.33-1.40). Le hazard ratio chez les patients ayant eu une pathologie de stress post-traumatique était de 1.46 (1.32-1.61) pour une maladie auto-immune quelconque et de 2.29 (1.72-3.04) pour au moins 3 maladies auto-immunes. Il en était de même lorsque la comparaison était faite avec la cohorte des frères et des sœurs. Le risque relatif était d’autant plus élevé que les sujets étaient plus jeunes. La poursuite d’un traitement par des inhibiteurs du recapture sélectifs de la sérotonine au cours de la première année suivant le diagnostic de stress post-traumatique, était associée avec une réduction du risque relatif de maladie auto-immune. Pour ce qui concernait plus particulièrement les maladies auto-immunes endocriniennes, le HR pour les maladies d’Addison était de 2.23 (1.41-3.53), pour les maladies auto-immunes thyroïdiennes de 1.49 (1.42-1.56), pour le diabète de 1.42 (1.32-1.52). En conclusion, dans cette cohorte suédoise basée sur les registres nationaux, l’exposition à une pathologie en relation avec le stress semble bien associée de manière significative à une augmentation du risque ultérieur de développer une maladie auto-immune, en particulier, insuffisance surrénale, maladies auto-immunes de la thyroïde, diabète de type1.
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