Dans la maladie d’Alzheimer, mais aussi dans d’autres maladies dégénératives appelées tauopathies, les protéines Tau subissent une phosphorylation anormale et s’agrègent, favorisant ainsi la dégénérescence neuronale. De nombreuses questions subsistent cependant concernant la fonction exacte de la protéine Tau. Une équipe de chercheurs Lillois s’est penchée sur cette question.
Avec d’autres équipes (Inserm et internationales), ils viennent de mettre en évidence que la protéine Tau aurait un impact sur la sensibilité du tissu cérébral à l’insuline : "Le mécanisme que nous avons décrit permet d'apporter un nouvel éclairage sur les manifestations de la maladie d'Alzheimer et d'envisager un nouvel angle d'attaque pour limiter les troubles cognitifs et la démence propres à la maladie", expliquent les chercheurs. Plusieurs données suggèrent ainsi que la protéine Tau, via la résistance à l’insuline, influencerait la plasticité cérébrale, qui permet le maintien d’une bonne fonction cognitive. Ainsi les malades d’Alzheimer présentent souvent des troubles de l’homéostasie du glucose. "Dans des modèles animaux n'exprimant pas Tau, la réponse à l’insuline est réduite et la plasticité cérébrale, indispensable à la qualité de la mémoire, est diminuée. Certains travaux sur les tauopathies ont décrit une résistance du tissu cérébral à l'insuline. Or, au-delà de sa fonction bien connue sur la régulation glucidique en périphérie, l'insuline est également indispensable à la plasticité dans le cerveau". Les auteurs de l’étude précisent, "l'hippocampe, qui joue un rôle important dans la mémoire, est largement touché dans la maladie d'Alzheimer. Nous avons montré que cette région cérébrale présente une réponse anormale à l'insuline chez la souris déficiente en Tau. De plus, nos travaux ont permis de montrer que l'hypothalamus pouvait aussi être affecté : celui-ci permet normalement d'envoyer un signal anorexigène lorsqu'il est stimulé par l'insuline. L’absence de protéine Tau le rendrait insensible à l'effet de cette hormone, augmentant la prise alimentaire et les troubles de l’homéostasie glucidique en périphérie". Les chercheurs mettent beaucoup d’espoir dans ces travaux : "Nous avons décrit les phénomènes anormaux liés à l'absence de Tau. Nous devons maintenant vérifier si les mêmes se produisent lorsque la protéine Tau est anormale. Si tel est bien le cas, il serait ensuite possible de réfléchir aux moyens d'agir sur les voies de régulation moléculaire que nous avons décrites derrière la perte de sensibilité à l'insuline. L'idée étant de pouvoir la rétablir, de maintenir la plasticité cérébrale", écrivent-ils.
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