Le Brésilien Ivo Pitanguy, figure mondiale de la chirurgie esthétique dont il fut l'un des grands pionniers, est décédé samedi à 93 ans à Rio de Janeiro. "Ivo Pitanguy est mort aujourd'hui à 17H30 (20H30 GMT) d'un arrêt cardiaque dans sa maison de Gavea", quartier chic de Rio, a déclaré Patricia Sallum, précisant qu'il serait incinéré dimanche. Vendredi, à la veille de son décès, Ivo Pitanguy, avait porté brièvement en fauteuil roulant la flamme olympique qui achevait son relais à travers tout le Brésil pour l'inauguration des JO de Rio dans la soirée au stade Maracana. Auteur de plus de 1.800 publications, entre livres, préfaces, conférences et articles scientifiques, il a travaillé inlassablement toute sa vie pour faire reconnaître sa profession longtemps méprisée, dont il a été un des grands pionniers dans les années 1960-70. Formé au Brésil, puis aux Etats-Unis à Cincinatti et en France où il a été interne des hôpitaux de Paris en 1950-51, Ivo Pitanguy a mis au point de nombreuses techniques et formé des centaines de jeunes chirurgiens plastiques tout au long de sa carrière. Le "chirurgien des stars" a opéré des dizaines de célébrités mondiales du spectacle et de la politique dont il n'a jamais révélé les noms dans sa célèbre clinique, fondée en 1963 dans le quartier de Botafogo à Rio. Gina Lollobrigida, Jackie Onassis ou Elizabeth Taylor, Mick Jagger, auraient eu recours à la magie de son bistouri, selon d'innombrables articles de la presse people internationale à son sujet. Il avait confié en 2009 avoir opéré le truand français Albert Spaggiari, l'auteur du "casse du siècle" à la Société générale de Nice en 1977, alors qu'il était en cavale en Amérique du Sud. "Dans les années 80, un Français vient me voir. Il m'explique qu'il n'est pas satisfait de son visage, qu'il le préférerait plus doux, moins anguleux. Je l'opère, il est content des résultats, et disparaît. Des années plus tard, j'ai découvert sa véritable identité. C'était Albert Spaggiari!", avait-il expliqué. Le chirurgien de la jet-set a aussi opéré gratuitement des milliers de pauvres, des femmes pauvres, des grands brûlés, des personnes souffrant de malformations faciales, à l'hôpital public Santa Casa da Misericordia à Rio. L'incendie dévastateur d'un cirque à Niteroi, près de Rio, en 1961 fut le moment le plus marquant et douloureux de sa carrière. Le drame fit 500 morts une majorité d'enfants et autant de grands brûlés. Jeune médecin urgentiste formé à la chirurgie plastique, il opéra pendant trois jours et trois nuits les blessés avec une poignée de collègues. L'excessive préoccupation du corps "n'est pas de la faute de la chirurgie esthétique, mais du marketing qui vend l'image de la jeunesse, de la beauté", déplorait-il. [Avec AFP]
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