Problème de santé majeur chez les diabétiques, "les plaies des pieds exposent en cas de retard de cicatrisation à un risque d’infections, de baisse de l’autonomie, d’hospitalisations, et d’amputations", a souligné le Dr Jacques Martini (CHU de Toulouse). "Une amputation non traumatique sur deux concerne ainsi des patients diabétiques en France." L’utilisation de facteurs de croissance (PDGF, EGF), de cultures de fibroblastes ou de kératinocytes, ou plus récemment de plasma enrichi en plaquettes, a été proposée pour activer la cicatrisation. "Mais, les résultats sont insuffisants ou contradictoires", a signalé le Dr Martini. Des pistes thérapeutiques sont néanmoins apparues en 2018 pour le traitement des ulcères du pied diabétique. De prime abord, l’étude européenne randomisée en double aveugle Explorer, conduite chez 240 patients, a mis en évidence l’efficacité du pansement UrgoStart Interface avec matrice lipidocolloïde et NOSF (nano oligosaccharide facteur) : réduction de plus de 60 jours du délai de cicatrisation (119,7 jours contre 180,5 jours) en comparaison d’un pansement standard (1). Ensuite, une étude contrôlée, menée chez 266 patients diabétiques, au Royaume Uni, au Danemark et en Suède, avec observation à l’aveugle, a suggéré qu’une application de leucocytes autologues, de plaquettes et de fibrine pourrait être intéressante dans ces ulcères (2). Cette technique consiste à centrifuger du sang du patient dans un dispositif LeucoPatch pour obtenir une matrice de fibrine enrichie en plaquettes avec leurs facteurs de croissance (PDGF…), et en leucocytes, qui est déposée sur la plaie. L’application de ce patch, toutes les semaines, a débouché à 20 semaines sur un taux de cicatrisation de 34 % des ulcères du pied contre 22 % seulement après soins standard (p = 0,02). Après cicatrisation, le port de chaussures adaptées est indispensable. Malheureusement, comme vient de le montrer une étude entreprise par le Dr Marie Laloi-Michelin auprès de 117 patients à l’hôpital Lariboisière (Paris), seuls 51,2 % des patients respectent ce chaussage après 1 an de suivi. Or, ce défaut d’observance s’associe à une fréquence accrue de récidives (61,5 % contre 13,3 % chez les patients ayant porté les chaussures). La prévention des ulcères pourrait être facilitée, dans les années à venir, par le port chez les diabétiques de semelles connectées, pouvant repérer les points de pression, de chauffage, où des lésions sont susceptibles de se développer, a expliqué le Dr Julien Vouillarmet (Hôpital Lyon Sud).
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