Compléments alimentaires : l’Académie de médecine appelle à la vigilance

29/07/2022 Par Marielle Ammouche
Nutrition

Selon l’Académie de médecine, la consommation de compléments alimentaires peut présenter des risques sanitaires, en particulier pour certaines populations fragiles. Une révision de la liste des constituants autorisés et une meilleure information sur leur composition apparaissent nécessaires.   L’Académie nationale de médecine alerte sur les risques liés aux compléments alimentaires (CA), considérant que « la consommation désordonnée des CA est nuisible en termes de santé ». Dans un communiqué, publié 28 juillet 2022, elle dénonce le flou et le manque d’informations liées à la composition, la production, et la vente de ces produits, qui sont théoriquement destinés à pallier une insuffisance de l‘alimentation. Et ce, alors que l’utilisation des CA est en pleine croissance actuellement et constitue, selon les propos de l’Académie, « un fait de société ». « Les compléments alimentaires (CA) peuvent avoir des effets indésirables liés au surdosage, au mésusage, ou à l’association avec des médicaments ou de plusieurs CA entre eux », détaille l’Institution. En outre, la vente des compléments alimentaires en ligne constitue un véritable danger, avec le risque de préparations de mauvaise qualité (métaux lourds, microbes, mycotoxines, pesticides), de confusion entre plantes très voisines (certaines espèces de ginseng sont dangereuses), et de présence de substances illicites et dangereuses introduites. Ces risques sont d’autant plus préjudiciables que « pour les personnes en bonne santé ayant une alimentation équilibrée et sans carence documentée, les CA ne sont généralement pas nécessaires », ajoute l’Académie.   Ni CNO, ni médicaments Or de nombreuses confusions existent concernant les CA. Ainsi, « ils contiennent de nombreux ingrédients, y compris des plantes, pour lesquelles la dénomination de CA est inadaptée. Ils sont souvent confondus avec les compléments nutritionnels oraux (CNO), mélanges nutritifs hyper-énergétiques ou hyperprotidiques auxquels il peut être nécessaire de recourir en cas de dénutrition. Les CNO relèvent d’une prescription médicale » précise l’Académie. Ils sont aussi souvent confondus avec des médicaments du fait de leur présentation (gélules, comprimés…), et de leur vente en pharmacie. Pourtant, les CA ne répondent pas à la même réglementation. En particulier, ils ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) comme les médicaments, mais doivent uniquement être déclarés auprès de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui vérifie leur composition, comme pour des denrées alimentaires. Mais problème : la liste des CA à base de plantes publiée par la DGCCRF en 2014 comporte des insuffisances. Ainsi, cette liste « contient des produits possédant des propriétés pharmacologiques et non physiologiques ou nutritionnelles ; elle ne fournit parfois pas de données suffisantes sur la sécurité d’utilisation, notamment parce qu’en fonction de la dose utilisée, certaines préparations voient leur effet physiologique devenir un effet pharmacologique, potentiellement responsable d’effets indésirables ; des parties de plantes ou extraits de plantes figurant dans cette liste sont strictement médicinales et ne peuvent être vendus qu’en pharmacie » dénonce l’Académie de médecine. C’est pourquoi, elle demande que cette « liste plantes » de 2014 soit révisée, et qu’une liste bien identifiée de CA utilisables en cas de carence soit constituée. L’Académie insiste, par ailleurs, sur la nécessité d’améliorer l’information sur ces produits, et leur provenance via un circuit « authentifié ». « Les populations fragiles (personnes âgées, enfants, femmes enceintes) doivent être particulièrement mises en garde », souligne -t-elle. Elle recommande, en outre, d’améliorer l’emballage des CA, avec « une mention indiquant qu’ils peuvent être à l’origine d’incompatibilité grave avec certains médicaments ». Enfin, elle préconise que ce sujet soit abordé dans la formation des médecins « afin qu’ils puissent donner un avis sur leur usage ».

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