Pour la première fois, des chercheurs de l’Inserm montrent que l’exposition a plusieurs facteurs endocriniens en même temps, appelé « effet cocktail », multiplie leurs effets par un facteur qui peut aller jusqu’à 1000.
Si certaines substances ont montré un effet perturbateur endocrinien, la preuve de l’existence d’un « effet mélange » encore appelé « effet cocktail », n’a pas encore été apportée par les études. Pourtant, « il apparaît désormais clair, que continuer à focaliser les recherches sur ces produits chimiques « individuels » est de nature à sous-estimer le risque lié à leurs expositions simultanées, particulièrement chez les femmes enceintes » affirme l’Inserm dans un communiqué. Pour tenter de remédier à ce manque d’études, des chercheurs de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset), en collaboration avec des spécialistes du CHU de Rennes et de Londres, ont développé des modèles de prédiction mathématique de ces effets combinés à partir des profils toxicologiques individuels des molécules. Ils ont passé au crible 27 molécules, comportant 7 médicaments, 14 molécules chimiques d’usage industriel (pesticides…) et 6 molécules dites socio-culturelles (alcool, caféine…). Onze molécules aux propriétés perturbatrices endocriniennes ont alors été identifiées, dont certaines pour la toute première fois chez l’homme. Et les modèles mathématiques ont mis en évidence des effets cocktail. Les chercheurs ont ensuite testé in vivo, - sur des testicules fœtaux humains- , quatre mélanges créés à partir des 11 molécules identifiées. Les résultats de ces mélanges corroborent les prédictions mathématiques élaborées, pour un nombre de composés supérieur à 3, prouvant ainsi la réalité de l’effet cocktail en même temps que l’efficacité des modèles mathématiques. Mais plus encore, les chercheurs ont réussi à quantifier cet effet, en montrant que cette exacerbation (entre la molécule prise seule ou en mélange) variait d’un facteur allant de 10 à 1000. Pour Bernard Jégou (Irset) coordinateur de cette étude, Pierre Gaudriault, (Rennes), et Séverine Mazaud-Guittot (Inserm), les conclusions de ce travail soutenu par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) sont à prendre au sérieux : « il existe une fenêtre de sensibilité bien précise au cours du 1er trimestre de développement du fœtus pendant laquelle l’exposition simultanée à des doses faibles de plusieurs perturbateurs endocriniens, laisse entrevoir un risque pour le futur appareil génital et reproducteur de l'enfant. Ceci est d’autant plus préoccupant que les exacerbations des effets individuels de telles molécules peuvent aller jusqu’un facteur 1000. Tous les faisceaux d’indices expérimentaux provenant de différents modèles, convergent vers ces mêmes conclusions. A partir de cette preuve de concept expérimentale, il s’avère indispensable d’intensifier la recherche pour caractériser les mélanges réels auxquels les individus sont exposés et en tester les effets sur des modèles appropriés. ».
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