
Errance médicale : un Français sur deux y a été confronté
Une étude OpinionWay, réalisée pour le compte de MedInTechs, révèle que près de 50% des Français ont déjà été confrontés à l’errance médicale, soit personnellement ou pour l'un de leurs proches. Pour une immense majorité d'entre eux, elle est attribuable "au manque de moyens et de spécialistes".

Les 10 et 11 mars se tiendra le salon MedInTechs 2025 au parc floral de Paris. Cette année, Egora est partenaire de ce rendez-vous dédié à l'innovation dans le secteur de la santé. À cette occasion, de nombreuses conférences seront organisées autour de thématiques telles que l'IA en dermatoscopie, les essais cliniques, les robots au service du soin, l'IA générative ou encore la santé mentale. L'errance médicale* sera également abordée lors d'un atelier animé par le Dr Julien Schemoul, président du comité scientifique de MedInTechs. Y seront discutés les résultats d'une étude OpinionWay pour MedInTechs, qui vient d'être dévoilée.
Cette étude, réalisée auprès d'un échantillon de 1 072 personnes représentatives de la population française, âgées de 18 ans et plus, montre que 47% des Français ont été confrontés à l'errance médicale, dont 30% personnellement et 21% au travers d'un proche. Certaines personnes y sont davantage confrontées : les femmes, qui sont plus nombreuses à signaler des difficultés d'accès aux soins que les hommes (49% contre 44%), et les habitants des zones rurales notamment (35% contre 25% dans les grandes agglomérations, hors région parisienne).
Forme-t-on trop de médecins ?

Fabien Bray
Oui
Je vais me faire l'avocat du diable. On en a formés trop peu, trop longtemps. On le paye tous : Les patients galèrent à se soigne... Lire plus
36% des Français ont ainsi attendu "plus de six mois" afin d'obtenir un rendez-vous médical. Ce taux passe à 43% quand on tient compte uniquement des habitants des zones rurales (vs 34% dans l'agglomération parisienne). En outre, 38% des répondants à l'étude disent avoir rencontré des difficultés à accéder à un "parcours de soin adapté", en particulier les actifs (44%) et les parents (47%). Les Franciliens sont davantage concernés par cette problématique (48%).
Manque de spécialistes, consultations "sous pression"…
L'échantillon a été sondé sur les causes de l'errance médicale. La première cause avancée est le manque de médecins spécialistes et de ressources. Ainsi, 89% des Français estiment que certaines spécialités souffrent d'une pénurie de praticiens. "Ce chiffre atteint 92% chez ceux qui ont vécu une situation d’errance médicale pour eux-mêmes", précise le communiqué de MedInTechs. En outre, certains évoquent des consultations "sous pression" : "54% des Français estiment que les médecins privilégient parfois des solutions rapides pour expliquer des symptômes, limitant la possibilité d’un diagnostic approfondi." Un taux qui monte à 80% parmi les personnes ayant vécu une errance médicale.
Enfin, "58% des Français estiment que certains patients rencontrent plus de difficultés à être pris au sérieux en fonction de leur âge, couleur de peau ou genre", lit-on. Un chiffre qui atteint 70% chez les patients directement concernés par l’errance médicale et 71% chez les 18-24 ans, "qui expriment un besoin accru d’écoute et de reconnaissance dans leur parcours de soins".
"Ce sondage précise cependant que les Français ont bien en tête que les professionnels de santé ne sont pas directement responsables : 54% des Français estiment que les médecins subissent cette situation et manquent de temps par rendez-vous pour bien diagnostiquer ou apporter le bon traitement à leurs patients", écrit le Dr Schemoul.
13% des Français envisageraient de se rendre à l’étranger pour consulter un spécialiste
L'étude OpinionWay souligne "l'impact direct" de cette errance médicale sur les patients et leurs proches. Ainsi, 75% des Français craignent un impact psychologique ou relationnel, 47% avancent des répercussions sur leur santé mentale, 43% des difficultés financières…
Dans la perspective de son salon, MedInTechs a souhaité mettre en lumière les solutions plébiscitées par les patients face à l'errance médicale. L'étude montre ainsi que "62% des Français déclarent être prêts à explorer d’autres solutions pour obtenir un diagnostic ou un traitement" ; sortir du parcours médical classique, par exemple. "52% consulteraient un autre spécialiste pour obtenir un second avis ou un traitement plus pertinent." Parmi eux, 22% opteraient pour des "médecines alternatives" (aromathérapie, thermalisme…), et "13% rechercheraient des pistes de diagnostic auprès de groupes de patients ou de communautés en ligne", à l'instar des groupes Facebook par exemple.
D'autres seraient plus enclins à miser sur le numérique et l'intelligence artificielle. "26% seraient prêts à s’appuyer directement sur des ressources numériques ou l’IA en cas d’errance médicale, notamment 45% des 18-24 ans et 30% des personnes directement concernées". 14% accepteraient un diagnostic "uniquement posé par une IA" ; une confiance là aussi plus marquée chez les jeunes (27%) et les personnes déjà confrontées à l'errance médicale (16%). Plus globalement, "43% des Français sondés estiment que les médecins devraient utiliser davantage les technologies innovantes, comme l’IA, pour accélérer les diagnostics et améliorer les traitements".
Enfin, solution plus radicale, 13% des personnes sondées envisageraient quant à elle de se rendre à l'étranger pour consulter un spécialiste. 37% des Français déclarent toutefois ne pas envisager d'alternatives, "faute de confiance ou d'accès à des solutions viables".
*Dans son communiqué, MedIntechs définit l'errance médicale comme étant la "période durant laquelle il est difficile d'obtenir un diagnostic clair ou des soins adaptés à sa situation de santé".
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