Dans le cadre d’une émission consacrée ce mardi 24 octobre à l’exercice partagé entre les professionnels de santé, les Contrepoints de la santé ont dévoilé les résultats d’un sondage BVA réalisé pour l’occasion. Il porte sur l’opinion des Français sur les délégations de tâches du médecin vers le pharmacien ou encore vers l’infirmière.
Si 58% des Français considèrent que la coordination entre soignants n’est pas efficace, ils semblent favorables à ce que le médecin confie la réalisation d’un acte ou d’une tâche à un autre professionnel. A 87% en ce qui concerne la prise de la tension artérielle, 82% pour la vaccination, 74% pour ce qui est du renouvellement d’ordonnance, et à 66% pour la prescription de médicaments en cas de problèmes de santé courants. La délégation du suivi d’une maladie chronique convainc un peu moins les Français (58% y sont favorables).
Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam), Philippe Besset, président de l'intersyndicale Les Libéraux de santé et de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), et le Dr Franck Devulder, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), étaient les invités de cette émission, retransmise sur YouTube. Ils ont réagi aux résultats de ce sondage.
"A mes yeux le médecin n’est pas le patron mais le chef d’orchestre, et c’est très différent. Le chef d’orchestre fait jouer les solistes : le pharmacien, l’infirmier, l’IPA, le kinésithérapeute", a estimé le Dr Devulder, qui a reconnu que les "périmètres de métiers doivent évoluer". Ce dernier a toutefois insisté sur le "rôle spécifique du médecin" chargé d’établir un diagnostic. "Quand on a plus qu’un nez qui coule, une maladie plus sérieuse, qui va-t-on voir à ce moment-là ?", a-t-il interrogé.
De son côté, Philippe Besset a estimé que le médecin ne pouvait pas "être le chef d’orchestre de la santé" car "l’orchestre présuppose que le patient vienne écouter la symphonie", or "le patient a changé". "Il s’adresse directement à l’un ou à l’autre des solistes, que ce soit l’ORL, le pharmacien, le dermato, le kiné..." Le pharmacien a de fait appelé à "révolutionner le médecin traitant" qui doit désormais composer avec cette "difficulté supplémentaire". "Les différents professionnels doivent lui rendre compte pour qu’il ait la vision globale. Il doit être le boss", a-t-il admis.
Marguerite Cazeneuve a quant à elle avancé ne pas savoir "qui est le patron, pas le patron". "Honnêtement, ce n’est pas le sujet", a-t-elle considéré. Alors que le Gouvernement, à travers son PLFSS pour 2024, veut permettre aux pharmaciens de délivrer des antibiotiques sans ordonnance pour la cystite ou l’angine en cas de Trod positif, elle a souligné "l’évidence de la mesure". "Pour les femmes – la moitié de la population – le sujet ne fait pas sujet. En pratique, 100% des femmes veulent pouvoir avoir accès de manière beaucoup plus rapide, quand elles ont des douleurs, aux médicaments" qui vont les soulager. "Le fait d’avoir des choses qui sont protocolisées relève de l’évidence. Le législateur n’avance pas des choses dingues, il part du constat du terrain", a-t-elle déclaré.
Un sondage réalisé par Egora et auquel ont répondu 605 lecteurs montre cependant que la mesure divise. 72% ont répondu non à la question "Faut-il autoriser les pharmaciens à délivrer des antibiotiques sans ordonnance contre l'angine et la cystite, en cas de tests positif ?"
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