Évaluation scientifique de l'homéopathie : les homéopathes veulent participer

21/08/2018 Par Sandy Bonin
MEP

En mars dernier, 120 médecins signaient une tribune contre les médecines alternatives ciblant notamment l'homéopathie. Depuis, le "bad buzz" autour de l'homéopathie ne cesse d'enfler avec le mouvement de médecins #nofakemed. A la demande de la ministre de la Santé, la Haute Autorité de santé (HAS) va évaluer l'efficacité scientifique de l'homéopathie. Le Syndicat national des médecins homéopathes français a demandé à y être associé.

"L'homéopathie est le seul médicament remboursé par la Sécurité sociale sans avoir jamais fait l'objet d'une évaluation scientifique", avait souligné Agnès Buzyn en juin dernier. La ministre a donc appelé les laboratoires à une évaluation des médicaments homéopathiques par la Haute Autorité de santé, afin de savoir si l'Assurance maladie devait continuer à rembourser les spécialités homéopathiques.  

  Le syndicat, qui recense près de 2.400 homéopathes dans son annuaire, "demande à être associé à la réflexion sur la méthodologie appropriée à l'évaluation des médicaments homéopathiques", a-t-il indiqué dans un communiqué mercredi. "Le SNMHF entend être partenaire, au même titre que tous les acteurs pressentis sur la base de leur compétence dans ce domaine d'expertise, pour élaborer et conduire les travaux d'évaluation", a-t-il ajouté. L'organisation a invoqué le "particularisme" de l'homéopathie. "Le médicament Arnica montana, par exemple, peut être indiqué et prescrit aussi bien en infectiologie que dans les états dépressifs, pour les troubles du sommeil ou encore en cardiologie", d'après elle. "Le service médical rendu ressort ainsi de différentes classes thérapeutiques", alors qu'"actuellement la Haute Autorité de santé évalue les médicaments, et en particulier le service médical rendu, par classe thérapeutique", a fait valoir le SNMHF.  

  La Haute Autorité de santé a indiqué que le processus d'évaluation n'avait pas commencé. Mais "les parties prenantes seront entendues", a-t-elle précisé. "C'est à la Commission de la transparence [instance scientifique de la HAS] de se prononcer sur une méthodologie. Elle le fera dès qu'elle sera saisie", a-t-elle ajouté. En juin, cette commission avait déjà rendu des avis sur trois médicaments du numéro un mondial de l'homéopathie, Boiron. "La Commission de la transparence ne peut se prononcer sur le service médical rendu par cette spécialité", avait-elle écrit, puisque le service médical rendu était "non précisé" par le fabricant. "La Commission s'étonne du maintien du taux de remboursement à 30% des médicaments homéopathiques à nom commun compte tenu du taux de remboursement à 30% voire 15% de médicaments ayant fait la preuve de leur efficacité", ajoutait-elle. Questionnée par l'Ordre des médecins sur l'aspect scientifique de l'homéopathie, l'Académie de médecine s'était exprimée le 18 mai dernier et estimait que "l'homéopathie n'a[vait] pas de fondements scientifiques". La position de l'Académie était similaire à celle du Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac). Ce dernier avait, en septembre 2017, rendu un rapport accablant, jugeant qu’il n’y avait "aucune preuve solide de l’efficacité des produits pour traiter les maladies, ou même les prévenir (…), même s’il y a parfois un effet placebo". Le rapport de l’Easac indiquait également que l’homéopathie pourrait "même avoir un effet nocif", en termes de perte de chance ou de retards de traitement.  

La riposte des patients

Sur change.org, une pétition" Non au déremboursement de l’homéopathie" est déjà signée par 35 000 personnes. Une autre, mise en ligne sur Pure santé, un site promouvant "la santé naturelle", revendique près de 235 000 signatures. "Le tiers des Français qui l’utilisent font tous le constat d’une efficacité concrète de l’homéopathie pour se soigner", argue-t-elle.

[Avec AFP]

Limiter la durée de remplacement peut-il favoriser l'installation des médecins ?

François Pl

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Toute "tracasserie administrative" ajoutée ne fera que dissuader de s'installer dans les zones peu desservies (et moins rentables)... Lire plus

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