Les généralistes n’ont pas encore commencé à vacciner dans leur cabinet que, déjà, le doute plane quant aux capacités de vaccination en ville au cours des prochaines semaines. En effet, si les médecins généralistes disposent d’un flacon de dix doses pour vacciner leurs patients âgés de 50 à 64 ans et ayant des comorbidités à partir de demain, ces derniers devaient pouvoir bénéficier de deux voire trois doses la semaine prochaine. Mais l’annonce de nouveaux retards de livraison du vaccin AstraZeneca inquiète. Mardi soir, le ministère de la Santé a en effet indiqué que l’on atteindrait 1,7 million de doses de ce vaccin en février, contre 2,5 comme ce qui était initialement prévu, assurant toutefois qu’il y aurait un rattrapage au mois de mars. Concrètement, après une livraison de 550.000 doses la semaine dernière, le même nombre est attendu cette semaine. “C’est moitié moins que ce qui était prévu”, a déploré le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, lors d’une conférence de presse ce mercredi. Si le ministère a indiqué que 850.000 doses devraient être livrées la semaine prochaine, le syndicat de généralistes reste méfiant. “Il ne faut pas trop promettre des choses que l’on ne va pas pouvoir tenir”, a lâché son président, qui craint que des déprogrammations de rendez-vous, suite à un nouveau retard de livraison, ne découragent les patients à se faire vacciner, mais aussi les professionnels à participer à la vaccination.
“AstraZeneca bashing” Une inquiétude d’autant plus légitime que le vaccin AstraZeneca souffre d’une “mauvaise image” auprès de la population générale, et même de certains professionnels de santé. Un handicap important que MG France appelle à combattre. “C’est vrai qu’il est un peu moins efficace, néanmoins il est très efficace si on le compare avec d’autres vaccins comme le vaccin de la grippe, a expliqué le Dr Battistoni. Surtout, il protège des formes graves.” Selon le généraliste, le sujet de la tolérance au vaccin a également suscité des interrogations. Face à ces multiples difficultés, le président du syndicat s’est ainsi réjoui que 29.000 médecins généralistes...
aient passé commande, “sur environ 50.000 médecins généralistes en capacité de vacciner”. Selon lui, les quelque 25.000 flacons restants de la première livraison “ont été répartis sur les pharmacies qui en avaient déjà commandés, lesquelles ont reçu plus de doses”. Certains médecins se sont donc vu offrir l’opportunité de bénéficier de davantage de doses. “Beaucoup de médecins peuvent réclamer de nouvelles doses dès demain. Mais est-ce qu’ils vont en avoir pour la semaine prochaine ? C’est loin d’être certain”, a alerté le Dr Battistoni réagissant à l’annonce des retards de livraison. Par ailleurs, ajoute le Dr Margot Bayart, première vice-présidente du syndicat, "quelques pharmacies n’ont pas été livrées" pour la première étape de cette vaccination en cabinet, laissant plusieurs praticiens désarmés. Une enquête interne sur les difficultés d’approvisionnement va de ce fait être menée par le syndicat.
Quoi qu’il en soit, “bien que des questions restent sans réponse”, la vaccination avec AstraZeneca des 2,5 millions de personnes ciblées, estimées par le ministère, -soit 50 patients par généraliste-, doit démarrer ce jeudi. En parallèle, la vaccination des plus de 75 ans se poursuit dans les centres de vaccination. Les personnes de 65 à 74 ans doivent quant à elles encore attendre si elles ne sont pas à haut risque de formes graves. Cette “priorisation” est indispensable au regard des difficultés d’approvisionnement, a estimé le Dr Battistoni. Ce dernier a cependant appelé à faire preuve de “bon sens” afin d’éviter de “perdre des doses”, en proposant par exemple à d’autres patients qui ne font pas forcément partie des personnes ciblées, si une personne venait à ne pas se rendre à son rendez-vous. Le président de MG France a également plaidé pour la création d’un “quota” qui serait réservé aux professionnels de santé et aux collectivités territoriales (ou CCAS) pour “apporter la vaccination à ceux qui en ont le plus besoin en proximité”, c’est-à-dire aux personnes éligibles mais qui échappent au système de réservation en ligne pour des raisons d’isolement ou de difficultés sociales. Le généraliste de Ifs (Calvados) a également fait valoir la possibilité d’utiliser les centres de vaccination comme “des centres de distribution des vaccins, d’allocation des doses, d’organisation de la vaccination”. “Les médecins pourraient organiser un passage par les centres pour récupérer les doses” avant leurs visites à domicile.
Si la vaccination en cabinet va être possible dès demain, les médecins libéraux n’ont pas attendu pour participer à cet enjeu de santé publique, notamment au sein des quelque 1.500 centres de vaccination, dont nombreux sont pilotés par des médecins libéraux. Si le syndicat MG France a obtenu de l’Assurance maladie que les professionnels de santé impliqués puissent être rémunérés quand ils vaccinent et participent à l’action de vaccination, il déplore le manque de moyens alloués à la gestion de ces structures, souvent portées par des CPTS, MSP, etc. “Nous demandons une allocation pour bénéficier de personnel administratif qui soit plus à la hauteur”, a réclamé le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat, déplorant le perpétuel "sous-investissement sur les soins primaires et la médecine de ville” qui empêche les médecins “de travailler dans de bonnes conditions”.
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